Tournée de l’Institut Saint-François-de-Sales aux Cayes (Haïti)

S’éduquer n’est pas seulement une question de développer ses facultés morales et intellectuelles mais aussi s’ouvrir à soi, aux autres, au monde, à la société et à l’environnement en valorisant les paysages et les patrimoines du pays. Haïti, appelé autrefois la Perle des Antilles, en se référant aux beaux paysages, aux plaines verdoyantes, au climat tropical et tempéré et au beau soleil caribéen, peut redevenir comme c’était : notre joyau.

Jean-Paul Saint-Germain c.s.v.Rappelons-nous cette leçon du petit livre « J’aime Haïti » dont on ne se sert plus à l’école fondamentale : « Ma patrie, c’est la terre que mes ancêtres m’ont laissée comme héritage. Je dois aimer ma patrie, travailler à sa grandeur et à sa prospérité ». Oui, nous devrions être fiers de ce que nous sommes et lutter pour une Haïti développée et prospère.

Heureusement, en dépit de la situation sociopolitique, économique et environnementale du pays, il y a des coins qui gardent leur beauté. D’autres se relèvent tranquillement par la solidarité et la motivation des habitants qui y demeurent. Ils sont très fréquentés par des touristes d’ici et d’ailleurs incluant des écoles, des facultés agronomiques, ethnologiques et touristiques.

Ainsi, les 21, 22 et 23 février 2014 ramènent la date de la première tournée de l’Institut de Philosophie Saint-François-de-Sales (CESADES), dans le Sud du pays, qui n’a pas pu se réaliser au mois de décembre vu le décès de notre regretté professeur : M. Rony Gaboton.

Il est à souligner que c’était une occasion offerte à tous les étudiants de se retrouver ensemble et de contempler presque toute la côte Sud, y compris les sites mémorables, touristiques et éducatifs suscitant la curiosité de tout un chacun. Ils étaient une quarantaine de participants à cette tournée. La grotte Marie Jeanne de Port-à-Piment, les 500 marches des Coteaux, la plage publique de Port-Salut et enfin le jardin botanique de Bergeaud ont été nos points de ravissement impressionnants et attirants faisant de la tournée une activité à nulle autre pareille.

La grotte Marie Jeanne

La grotte Marie Jeanne est appelée pour l’instant la mère de toutes les grottes (grotte : excavation naturelle ou artificielle dans un rocher) d’Haïti, elle est une merveille. Elle se situe au flanc de la montagne à quelques kilomètres de la mer. Dans cette grotte, certaines chambres sont spacieuses et d’autres sont étroites; elle peut recevoir un nombre de 200 personnes.

En deux heures de temps environ, nous avons parcouru toute l’enceinte comme de bons guerriers avec des lampes de poche et d’autres matériels d’éclairage. Les noms de certains appartements ont été donnés par Mgr Antoine Paulo, comme : cathédrale, salle d’attente, clocher, chambre de Marie Jeanne et Adest que nous n’avons pas eu la chance de visiter.

À l’intérieur de la grotte se trouve une bananeraie, quelques caféiers et des stalagmites (concrétisation analogue à celle des stalactites, qui se forment sur le sol des cavités souterraines où tombent goutte à goutte les mêmes eaux chargées de sels calcaires, silicieux, etc.). Ainsi, nous avons eu la possibilité d’entrer, d’observer, de poser des questions au guide, de prendre des photos et d’établir la différence entre espace à ciel ouvert et espace à ciel fermé.

Le premier comporte des chambres telles que : salle d’attente, cathédrale qui n’ont pas nécessairement besoin d’éclairage tandis que le second où se situe la chambre de Marie Jeanne, Adest et tant d’autres où il faut se blottir et s’y rendre lentement avec obligatoirement de la lumière pour ne pas qu’on se perde. Fraîche et calme, l’enceinte est très priante et suscite le sommeil si on ne s’y inquiète pas. Des études géologiques sont en cours en vue d’analyser tous les coins pour bien s’informer et promouvoir davantage la splendeur et l’importance de ce trésor incomparable.

Les Coteaux

Les 500 marches des Coteaux sont constituées comme son nom l’indique de 500 petites marches en béton en forme d’escalier. À côté des marches, nous trouvons des fers avec les différentes stations du chemin de la croix et les mystères du chapelet. Au sommet, il y a un grand crucifix, une petite grotte et des bancs. Des pèlerins de tous les coins sont venus pour prier, jeûner et méditer. En gravissant les marches, tâche ardue et fatigante, nous avions l’impression que nous étions en train de monter le morne calvaire.

Ce haut lieu de pèlerinage, administré par l’Église catholique, est ouvert sans aucun mur ou clôture quelconque. Situé au pied du morne, nous pouvons dominer et contempler la plaine verdoyante, remplie de cocotiers et d’autres arbres au bord d’une mer sablonneuse et  quelques maisons faisant la beauté de la ville. Aux Coteaux, nous avons diné et plaisanté avant de prendre le chemin de Port-Salut.

Port-Salut

C’était notre dernière visite pour cette grande journée du samedi. Il convient de mentionner que c’était un moment de défoulement, de rafraichissement et de thérapie. Le bain de mer nous a revigorés. Nous avons joué au foot, nous nous sommes promenés sur la plage comme des touristes locaux. Une plage assez aménagée, attrayante et propre où nous trouvons des gens de toutes nationalités, des marchands de tous les produits dont nous avons besoin pour un bon bain. Les cocotiers, les arbres de troncs multicolores, les douches et toilettes, les espaces très vastes et plats où nous aurions pu nous réunir font de ce lieu paradisiaque, l’une des fiertés de la côte sud et l’une des belles plages du pays.

Le jardin botanique

Jardin botanique de Bergeaud
Jardin botanique de Bergeaud

Enfin, nous avons visité le jardin botanique de Bergeaud appelé autrefois Haïti verte. Selon l’agronome qui nous guidait, c’était un lieu où on donnait des conférences sur l’environnement et organisait des foires agronomiques sous la direction de l’agronome Cinéas.

Au début, ce dernier a affermé un lopin de terre pour mieux réaliser et réussir cette activité. En outre, après avoir visité des jardins botaniques de quelques pays surtout d’Israël, où il y a une carence en eau, l’agronome Cinéas se disait : « puisque nous en avons en abondance, pourquoi nous ne pouvons pas avoir le nôtre »?

Plus tard, il a acheté un terrain de plusieurs hectares et l’a aménagé. Puis, il a cultivé des plantes qu’il croyait être négligées par ignorance et des plantes rares qu’il a conservées et multipliées dans un jardin morcelé et des espaces vides.  Dans cet espace, on trouve aussi un terrain où l’on organise des conférences. En face du terrain, il y a une tribune pour les conférenciers et les présentateurs.

Ce jardin est non seulement un lieu éducatif où des écoles et facultés sont venues expérimenter en matière de botanique sans compter les élèves et les étudiants venus rédiger leurs devoirs, mais aussi un point de vente de compost, de semence de plante surtout des arbrisseaux en croissance. Ils ont des outils et matériels pouvant enlever la plante et la transporter sur un autre terrain pour la mise en terre assurée et réussie. Certains d’entre nous se sentaient émerveillés devant la beauté de ce jardin qu’est unique du pays. Pour la première fois, ils ont admiré et respiré le parfum de ses multiples plantes : aromates, arbres fruitiers, plantes florales ou décoratives, plantes médicinales et des arbres géants protégeant l’environnement.

Malheureusement le programme a été modifié parce que la route de Miragoâne était barricadée et les bus n’ont pas pu arriver à temps pour partir à l’heure prévue. Nous avons laissé l’Institut malgré nous mais sereins puisque c’était notre objectif. Nous sommes arrivés vers 6 :30. Nous avons pris une bonne douche et, après avoir soupé, nous nous sommes mis au lit. Ce sont les raisons pour lesquelles nous n’avons pas pu visiter Camp Perrin (le Saut Mathurine) pour débuter la tournée.

En dépit des imprévues, nous sommes heureux d’avoir organisé cette visite. Aux témoignages et aux mots de quelques uns, c’est une réussite. En outre, nous avons eu le temps de récupérer et de retrouver le charme de cette tournée hors pair par les taquineries, les repas en groupe, les jeux et les célébrations eucharistiques qui nous familiarisent d’avantage et resserrent nos liens d’amitié et de fraternité.

En somme, nous rendons grâce au Seigneur pour cette tournée réussie, pour la joie qu’il a mise dans nos cœurs, pour la vierge Marie, notre Mère qui nous a accompagnés tout au long du voyage et des visites guidées. Unanimement, nous crions tous : nous nous y rendrons encore si nous en avons l’occasion!

Source :
Échos des Viateurs d’Haïti – Avril 2014 (PDF).

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