Les chroniques
Dans nos résidences, une personne en particulier mettait ses talents à la disposition de la postérité en écrivant les événements du temps. Le tout se trouve consigné sous le titre Les chroniques. Mais cette coutume est disparue avec le temps.
Mais jetons un coup d’œil sur un trait de notre histoire en revoyant un passage des chroniques du Noviciat Saint-Viateur de Joliette entre le 21 octobre 1893 et le 30 avril 1896.
Durant cette période de temps bien précise, deux groupes de chroniqueurs écrivent dans deux volumes différents les anecdotes banales ou marquantes de la vie journalière des novices vivant dans le même Noviciat.
Pour mieux classer les volumes concernés, l’archiviste parlera du Volume 2 et du Volume 2A comme le veut le classement des archives.
Voici un petit exemple de la valeur du contenu littéraire ou historique que l’on retrouve dans ces deux volumes.
Le chroniqueur du Volume 2 indique sa réflexion sous les traits suivants : « Mais bientôt, la cloche, cette voix de l’obéissance, fit entendre ses sons argentins annonçant le moment du repos. »1
Le chroniqueur du Volume 2A s’exprime ainsi : « Le lecteur qui parcourera [sic] ces lignes couchées à la hâte sur le papier devra – cela va sans dire – user d’une grande indulgence envers les auteurs de ces écrits, car ce sont de jeunes débutants dans l’art si difficile d’écrire … »2
Ces exemples tirés des deux volumes indiquent que les deux groupes de chroniqueurs ne possèdent pas la même aisance pour manier la plume et laisser une pensée précise.
Pendant deux ans et six mois, malgré le fait que les groupes de novices se renouvellent tous les ans, les deux Volumes accueillent les anecdotes de la vie quotidienne du Noviciat sous la main habile ou plus hésitante du scripteur.
Comme les deux Volumes sont identiques et possèdent le même nombre de pages (398), il faut bien un jour continuer l’écriture dans un nouveau volume.
Enfin, le moment est venu de se parler franchement et d’évaluer le contenu littéraire ou artistique des deux groupes de scripteurs.
L’avant-propos du Volume 3 nous livre les commentaires suivants : « Nous commençons aujourd’hui [1er mai 1886] un nouveau registre. Si l’on veut parler du précédent, on ne peut guère que condamner ce qui y a été inséré. La dernière moitié surtout fait pitié. […] Afin d’éviter à l’avenir de pareils abus, voici ce que l’on a décidé :
- Il n’y aura qu’un registre pour tous les novices catéchistes.
- Les collaborateurs devront soumettre leur travail à leur professeur de littérature… excepté les philosophes et les collaborateurs du cours supérieur.
- Le journal de ces derniers sera corrigé en encre rouge dans le registre même. »3
En regardant attentivement le contenu des décisions énumérées, on peut se demander s’il y avait, à l’époque, un groupe dominateur qui imposait son influence sur un groupe dominé…
Wilfrid Bernier, CSV
Joliette, 8 janvier 2017
Source :
Bulletin d’information – Avril 2017 – No 202 (PDF).