Homélie aux funérailles du Père Baptiste Genest

Seigneur,

Je voudrais te présenter quelqu’un qui frappe à ta demeurance (nom donné à la maison de Port-au-Saumon qui faisait face à la mer) aujourd’hui. 

Père Baptiste Genest c.s.v.Tu le connais bien puisque tu l’avais choisi comme religieux et comme prêtre. Tu en as fait aussi un grand éducateur.

Dans la Parole que tu nous donnes aujourd’hui en Luc 12,35 il est dit : « Restez en tenue de service » et dans l’Épitre de Jean  3,18 : «  Mes enfants nous devons aimer, non pas par des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité ».

Voilà qui résume la vie de l’homme de Dieu qui nous réunit ce matin. Le père Baptiste a toujours été en tenue de service.

Il était prêt à aider, à soutenir et à bâtir. Il savait se faire proche de son prochain immédiat. Il avait une qualité d’écoute et de présence : devant lui chaque personne se sentait importante. Une grande qualité humaine que cela !

Dans sa carrière de religieux-prêtre-éducateur, il a enseigné de nombreuses années.

Moi, comme élève, il m’a enseigné les sciences naturelles au collège Saint-Viateur. Il manifestait un grand amour de la nature et de l’œuvre de Dieu. Je pense qu’il a été un écologiste bien avant l’heure. Il était surveillant aussi au collège : tâche ingrate, mais qu’il accomplissait avec grande justice. On disait de Baptiste : il n’a pas de chouchou !

Puis, il a fondé Port-au-Saumon : un camp d’écologie. Je me souviens avec mes parents quand je leur avais dit : « Je voudrais aller dans un camp avec un père du collège dans Charlevoix ». On a sorti une carte du Québec et ma mère a dit à mon père : « Paul, mon Dieu que c’est loin »… Et j’y suis allé… Et Baptiste m’a fait faire beaucoup de chemin dans la vie et pas seulement en kilomètres !

Des centaines de jeunes au camp d’été de Port-au-Saumon ont été respectés, encouragés et y ont appris les valeurs du partage, de la solidarité et du respect de la nature.

Une grande œuvre a été fondée par le Père Baptiste. Beaucoup de religieux y ont également œuvré au fil des ans.

Seigneur, je te présente un fondateur!

Baptiste parlait peu de ses émotions, il disait rarement aux gens qu’il les aimait ou les appréciait… cependant, il faisait peut-être mieux… il leur faisait confiance. Il nous faisait confiance! Comme le dit la Parole : en acte et en vérité, il manifestait sa tendresse.

Il faisait confiance à ses étudiants et à Port-au-Saumon à ses compagnons éducateurs. Baptiste, comme François d’Assise, pouvait léguer à d’autres ses œuvres avec détachement et humilité.

Seigneur, je te présente un homme humble.

Seigneur, cet homme qui parait devant toi ce matin avait aussi une grande dévotion à ta Mère : la Vierge Marie. Combien de fois ne l’avons-nous pas vu se promener le chapelet à la main sur le bord du fleuve à Port-au-Saumon ou sur la galerie de la maison provinciale.

On peut affirmer, Seigneur, que ton serviteur Baptiste fut un homme de prière et de grande fidélité à l’eucharistie… même l’été à Port-au-Saumon par des jours de grande chaleur…

Seigneur je te présente un homme de prière.

Le Père Baptiste était un homme bon. Il savait être ferme et dur parfois, mais toujours pour le bien de la personne et dans une grande justice. N’est-ce pas la véritable définition d’un éducateur? Seigneur, si tu cherches quelqu’un au Ciel pour donner des cours d’éducateur 101… je te recommande le Père Baptiste !

Seigneur, je te présente un éducateur.

Seigneur, avec le Père Baptiste, vous devriez sourire dans la demeurance céleste. Le père Baptiste ne riait pas souvent aux éclats, mais il rigolait dans son for intérieur et cela se manifestait par un petit sourire amusé.

Je vous raconte une anecdote qui date du collège en 1962. Baptiste est mon professeur de sciences naturelles. À la fin de l’année à l’examen final une question nous demande de définir toutes les parties du homard. Je voudrais juste vous préciser que je ne suis pas capable de manger du homard… C’est quelque chose qui le faisait beaucoup sourire que je ne connaisse bien les parties de cette bibitte que je ne mange pas !

Seigneur, je te présente un homme d’humour.

Enfin, Seigneur, reçois ce matin un religieux modèle, un saint prêtre, un grand éducateur, un écologiste, notre frère et notre ami.

Baptiste, du haut de votre demeurance céleste,

Je vous salue!  Amen.

Pierre Francoeur c.s.v.
Homélie donnée le 17 février 2015

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