Hommage – Funérailles de Hubert Hamelin, c.s.v.

HUBERT HAMELIN (1942-2022)

Homélie

Lundi dernier, tôt, lorsque le Père Provincial m’a appelé pour m’annoncer la triste nouvelle du décès d’Hubert, j’ai eu un choc. La veille, je venais de le visiter au Centre Champagneur. Il était assis dans la rotonde inondée de lumière.

Je me suis approché de lui, mis de côté le couvre-visage, mesure sanitaire incontournable, et j’ai osé la question qui s’imposait à la vue de son regard incertain : Bonjour Hubert, tu me reconnais ? Sans hésiter, il me confirme : oui ! oui ! Et mon nom, tu t’en souviens, ai-je ajouté ? C’est Pierrot, dit-il.

Les textes de la Parole de Dieu (Lettre de Saint Paul et Matthieu 25) que j’ai retenus pour cette célébration de la pâque d’Hubert sont non seulement les témoins de ce qui l’a inspiré toute sa vie, mais aussi sa motivation profonde.

Hubert Hamelin, c.s.v.

Spontanément, l’image du pasteur s’imprime en filigrane sur toutes les pages de la vie d’Hubert et son impressionnant ministère dans plusieurs paroisses des diocèses de Valleyfield et de Montréal en est une belle expression.

Qui n’aimait pas Hubert ? Sa simplicité, son sourire, sa joie de vivre, sa propension innée à faire confiance aux autres, son sens de l’écoute tout naturel témoignent de la grandeur de l’homme qui sait combien l’humilité est la voie privilégiée pour accéder au précieux mystère qui se love en chaque être humain.

Hubert a aimé, beaucoup aimé, les gens autour de lui, ceux et celles qui lui étaient confiés, sa famille, sa communauté, son Église.

Lorsque j’ai eu à assumer des responsabilités au cours de ma vie, mon cher ami Hubert me disait toujours : vas-y Alain, tu dois cela à notre belle communauté. N’oublie jamais qu’elle nous a tout donné !

Mes bien-aimés, parce que nous aimons nos frères, nous dit saint Paul, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie. Celui qui n’aime pas reste dans la mort.

Hubert, tu es un merveilleux témoin de la vérité de la foi. Ce que nous dit saint Paul, tu l’as tellement bien vécu.

L’évangile de saint Matthieu et la poursuite du texte de saint Paul auquel je viens de faire référence nous laissent le même message : mes enfants, nous devons aimer, non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité.

Coïncidence ou clin d’œil de la Providence, Hubert s’est présenté devant son Père aux petites heures de la fête de l’amour, la Saint-Valentin. Entre coïncidence et un clin d’œil de la Providence, vous devinez bien mon choix.

Un grand cœur plein de tendresse, d’attention et de compassion, voilà ce qu’a été Hubert pour nous. Saint Matthieu dit : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! L’Évangile pour Hubert n’était pas un dépassement de sa personnalité, mais il en découlait tout simplement.

Dans ses homélies de funérailles, Hubert aimait dire que le jugement de Dieu c’est tout simple : un regard rempli d’amour qui se pose sur une personne et une invitation : raconte-moi comment tes mains, ton regard, tes gestes et l’accueil des gens autour de toi t’ont fait découvrir la beauté de ce que je t’avais confié. Et alors, notre Dieu de miséricorde écoute… il écoute patiemment le récit d’une vie et il lui tend la main pour qu’il se poursuive à l’encre de la vie éternelle.

En terminant, je veux dire à Charles, frère d’Hubert, à Louise, Suzanne, Margot, vos conjoints et la famille Hamelin en général, combien Hubert vous a aimés. Tout ce beau temps passé en famille avec vous, tous ces rires enflammés, ces chansons qui toujours égayent vos rencontres, il les fredonne désormais à l’oreille de sa chère maman dont il aimait tellement dire qu’elle chantait toujours. Père et mère retrouvent leur fils qui continuera à chanter et certainement à les faire rire au paradis.

En introduction à cette homélie, je vous racontais ma visite de dimanche dernier auprès d’Hubert et de l’hésitation qu’il a eue à me reconnaître et à se souvenir de mon nom. Après qu’il ait dit : oui, oui, tu t’appelles Pierrot, j’ai mis la main sur son bras et j’ai dit, non Hubert, Alain. Alors, il a levé les yeux et m’a réservé son beau sourire.

Au moment de quitter pour revenir à la maison, nous étions retournés dans sa chambre. Il m’a pris la main et m’a dit : merci Alain ! Permettez-moi de terminer en utilisant le merveilleux texte d’une compositrice québécoise : Ingrid St-Pierre. Sa chanson, se référant à la maladie qui affectait Hubert, s’intitule : Ficelles.

Les jours et les saisons
La couleur de mes yeux
Les paroles des chansons
Celles qu’on chantait à deux
Le chemin de ta maison
Comment on se maquille les yeux
La fête de tes enfants
Mais n’oublie pas mon nom
Tes souvenirs d’avant
Tu sais je veillerai sur eux
Je les rattraperai au vent
Je te raconterai si tu veux
Je nouerai des ficelles
À tes souvenirs qui s’étiolent
Et le jour où ils s’envoleront
Moi j’en ferai des cerfs-volants
Mais n’oublie pas mon nom
Je t’écrirai que je t’aime
Partout dans la maison
Et si tu m’oublies quand même
Juste en-dessous y aura mon nom
Et je serai là pour de bon
Et je serai là pour de bon
Je nouerai des ficelles
À tes souvenirs qui s’étiolent
Et le jour où ils s’envoleront
Moi j’en ferai des cerfs-volants
Mais n’oublie pas mon nom

Hubert, merci et pour l’éternité, nous le savons tous, tu te souviendras de nos noms, car nous t’avons tellement aimé.

Alain Ambeault, c.s.v.
19 février 2022

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