Funérailles du Père Roger Breault – Homélie

Homélie

Nota Bene – Textes liturgiques en bas de page.

« Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées… »

Celle de Roger aura brillé jusqu’à la fin. Il y a à peine une semaine, nous avions notre pèlerinage annuel au cimetière de la congrégation et, de sa belle voix de baryton, Roger nous avait offert les chants de la célébration, des chants d’espérance et de paix.

Roger BreaultCeux qui connaissaient bien Roger savaient qu’il nous quitterait comme il vient de le faire. En pleine course, la lampe allumée, en tenue de service. La seule question était de savoir quand et où? Avec obstination, il tenait à rendre service, à poursuivre son travail. Il le faisait avec la tenace fidélité des gens de la terre dont il était issu.

Effectivement, cette fidélité aura caractérisé les grandes étapes de sa vie. Depuis son ordination en mai 1958, il n’a jamais connu la retraite dorée. Pendant vingt ans, il a œuvré dans le monde de l’éducation, dans nos maisons de Berthier, de Rawdon et plus particulièrement à Joliette au Séminaire. Puis, après des études en catéchèse et en liturgie il se consacra au travail pastoral particulièrement en paroisse et cela jusqu’à la fin.

Et les kilomètres ne l’effrayaient pas, au contraire. Après Saint-Ambroise et ici à Christ-Roi, ce fut Roberval au Lac St-Jean et Rivière-au-Renard en Gaspésie suivi d’un retour dans le diocèse de Joliette. Qu’à cela ne tienne. Pendant plus de trente ans, en fonction de l’évolution des modèles pastoraux, il fut tour à tour vicaire coopérateur, curé, membre d’équipes paroissiales, pasteur d’unités, modérateur, aumônier de résidence…

Peu importe, Roger répondait toujours avec enthousiasme aux interpellations. À titre d’exemple, à 78 ans, en janvier 2012, on le retrouve curé de l’Unité Saint-Laurent à Berthier. On avait besoin de lui, Roger a répondu : présent.

Et c’est ainsi qu’âgé de 80 ans il nous quitte en tenue de service, la lampe allumée car il savait entretenir la sienne. Roger était fidèle à la prière. Il aimait se tenir informé de ce qui se publiait en liturgie, en Bible et en catéchèse. Il préparait avec soin les célébrations qu’il présidait auxquelles d’ailleurs, il aimait toujours apporter une touche originale… Il avait aussi gardé une certaine candeur, vous savez cette capacité de s’émerveiller et de s’intéresser.

Capacité de rire aussi. Ainsi par exemple, il ne faisait pas un mystère de sa taille impressionnante, 5 pieds et 16 pouces disait-il. À ce sujet je me rappelle une anecdote. Alors que j’étais gamin et élève au Jardin de l’Enfance, ici à Joliette, les étudiants en théologie du Scolasticat Saint-Charles presque voisins, étaient venus nous présenter l’une de leurs productions théâtrales.

Il s’agissait d’une œuvre d’Henri Ghéon : La farce du pendu dépendu. Or dans la pièce, Roger interprétait le rôle du gendarme. En plus d’une énorme moustache, il s’était fabriqué un bicorne qui devait avoir au moins deux pieds de hauteur.

Vous imaginez facilement l’ébahissement des petits que nous étions et son succès quand il fit son entrée en scène… Voilà Roger, un Roger qui en toute simplicité acceptait déjà de faire servir ses talents et ses ressources.

Or voilà que Jésus nous dit de ces fidèles serviteurs qu’ils sont heureux, soulevant ainsi le voile sur l’avenir qui s’ouvre devant nous. Oui, Heureux les serviteurs que le maître à son arrivée trouvera en train de veiller. Vraiment je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira à son tour.

Roger avait accueilli la vie religieuse chez les clercs de Saint-Viateur comme un don. Comme un don il avait accueilli la foi, une foi toute belle, toute simple héritée de son milieu familial, une foi qu’il aura nourri des plus belles valeurs que l’on trouve dans l’Évangile.

Avec ses fragilités, avec ses faux pas pareils aux nôtres, avec l’usure du temps qu’il ressentait sans amertume, avec ce qu’il avait de meilleur en lui, il aura vécu les 80 ans qu’aura duré sa vie.

Aujourd’hui c’est un homme transfiguré par son passage dans la mort que le Seigneur a accueilli pour qu’il ait part à l’héritage promis. Roger est maintenant dans le versant de la lumière, il participe au banquet du Royaume qu’il a si souvent anticipé dans les nombreuses liturgies qu’il a présidées.

Savoir cela, nous l’être redit, nous permet maintenant de rendre grâce avec lui de ce qu’il a été, de ce qu’il est encore, de ce qu’il est maintenant, un héritier de Dieu comme le dit saint Paul.

Puisque nous sommes ses enfants,
n
ous sommes ses héritiers,
héritiers de Dieu,
h
éritiers du Christ.

Roger, un fraternel merci !
Un merci tout particulier pour ta leçon de générosité.

Amen.

Textes liturgiques

Textes liturgiques © AELF, Paris

Rm 8,14-17

En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu.

Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils; et c’est en lui que nous crions « Abba! », c’est-à-dire : Père!

C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu.

Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire.

Lc 12,35-38

Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées.

Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.

Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir.

S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils!

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