Hommage – Funérailles du P. André Venne, c.s.v.
ANDRÉ VENNE (1934-2023)
Homélie
La Parole de Dieu pour célébrer la Pâque de notre cher André nous donne une excellente indication sur les orientations et le sens que nous devons donner à notre vie.
Notre existence est ordonnée au bien et à l’amour de nos sœurs et frères et de tout notre univers. Seul l’amour véritable peut nous garantir une vie sans fin qui dépasse notre présence physique sur cette terre.
L’apôtre Jean nous le dit dans la première lecture : « Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. »
Oui, seul l’amour peut faire vivre. Seul l’amour peut réunir des gens de tous horizons, de tous pays et de toutes cultures pour en faire des frères et des sœurs.
« N’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. »
Notre amour doit avoir des oreilles pour entendre et comprendre les cris de notre monde. Il doit avoir des yeux pour regarder la vie s’animer et danser autour de nous. Il doit sentir l’odeur de notre terre appelant à des semences de paix et d’humanité. Il doit avoir goût de tendresse et de compassion. Il doit se donner des pieds et des mains pour aller là où la vie se crée et où l’avenir se construit.
Le parcours terrestre du père André Venne et son engagement comme religieux Clerc de Saint-Viateur ont été guidés par ce projet dont le Seigneur est la source et l’âme.
L’évangile nous redit que la manière concrète d’aimer est de « rester en tenue de service » et de garder « nos lampes allumées ».
Ce ne sont pas que des paroles. Cette invitation doit se traduire dans le quotidien de nos vies. Être en tenue de service c’est accepter de ne pas s’appartenir à soi-même pour se laisser guider par Dieu comme la feuille entre les doigts du vent. Tenir nos lampes allumées c’est entrer dans la logique d’un amour qui ne connaît pas de répit. Un amour qui n’est d’aucun temps ni d’aucun lieu. Un amour universel. Amour partout. Amour toujours.
En nous recueillant aujourd’hui autour des cendres de notre frère André, nous rendons grâce au Seigneur pour sa vie donnée, sa grande générosité et sa disponibilité au service de ses frères et sœurs dans la communauté viatorienne au Québec ou en Haïti.
Les talents du père André Venne se sont déployés particulièrement en Abitibi et en Haïti. Les personnes qui l’ont côtoyé ont compris qu’il a offert une présence de qualité dans la vice-province puis province de l’Abitibi avant son départ pour Haïti en 1986.
Son arrivée dans la fondation d’Haïti en cette année de la fuite en exil de Baby Doc a aussi été le théâtre d’un événement malheureux pour notre congrégation. Un accident d’automobile a coûté la vie au père Marcel Sainte-Marie le 2 août 1986 alors qu’il rentrait à Port-au-Prince pour accueillir les nouveaux missionnaires qui arrivaient du Canada, parmi lesquels, le père André Venne.
La période où le père Venne a exercé sa vie missionnaire en Haïti a été des plus troublées. Nous retenons de lui un homme d’une grande sensibilité qui a communié à la souffrance du peuple haïtien et qui témoignait sa solidarité par l’accueil de personnes dont la vie était en danger à la suite de coups d’État et d’autres violences dans le pays.
C’est avec lui que la communauté des Viateurs en Haïti a pris la rampe de lancement de la formation. Une tentative d’un noviciat à l’Accueil Saint-Viateur de Cazeau en 1985 avait échoué. En septembre 1987, sous la direction du père André Venne, deux jeunes hommes font leur entrée au Noviciat Saint-Viateur à la Villa Manrèse. Il s’agit de Kénel Verna et moi-même. Je n’avais pas encore 20 ans. Cette aventure inédite a permis à la Congrégation de s’adjoindre près d’une quarantaine de nouveaux membres.
Aujourd’hui, la Fondation viatorienne d’Haïti est toute haïtienne. Et nous sommes ici présents trois fruits de cet engagement du père Venne pour une formation à la vie religieuse de qualité en Haïti : P. Harry Célestin, P. Robert Jean et moi-même.
Merci, P. Venne, pour ce que vous avez donné à votre communauté. Merci pour ce que vous avez été au milieu de nous : un homme de foi, d’espérance et de charité. Merci pour votre apport à la construction de la communauté en cette terre d’Haïti de toutes les turbulences et de toutes les souffrances.
Heureux êtes-vous, car le maître, à son arrivée, vous a trouvé en train de veiller. Qu’il vous accorde la récompense que vous méritez !
Nestor Fils-Aimé, csv
15 avril 2023