Hommage – Funérailles de Bruno Pratte, c.s.v.
BRUNO PRATTE (1938-2022)
Homélie
L’apôtre Jean a écrit de très beaux textes dans ses trois lettres.
On y retrouve le disciple avancé en âge qui centre toute son action sur l’amour de Dieu vécu et partagé au fil des jours, dans la simplicité du quotidien.
Cet après-midi, il nous redit avec tendresse :
« Mes enfants, nous devons aimer non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité. »
Ce texte dit pleinement ce qu’a été notre frère avec les siens tout au long de sa vie.
Dans une lettre du supérieur provincial, F. Léandre Dugal, envoyée le 6 avril 1994, nous pouvons lire :
« Vous êtes attentif aux besoins des uns et des autres. Votre bonne humeur se communique. Vous rendez la vie facile à votre entourage. Vous vous faites un devoir d’être là aux rassemblements communautaires de la province. On peut compter sur vous. »
L’apôtre Jean ne dit pas mieux quand il nous invite à aimer la vie et à la servir dans des gestes simples, ceux de l’ordinaire de la vie de tous les jours.
Permettez-moi aussi de citer Madeleine Delbrêl, chrétienne engagée avec les gens de son milieu en toute simplicité et vérité.
« Qu’importe ce que nous avons à faire : un balai ou un stylo à tenir; parler ou se taire; raccommoder ou faire une conférence; soigner un malade ou taper à la machine. Tout cela n’est que l’écorce de la réalité splendide, la rencontre de l’âme avec Dieu, à chaque minute renouvelée, à chaque minute accrue en grâce, toujours plus belle pour son Dieu. »
Le F. Bruno a été un homme de foi, une foi profonde, vécue dans ce service quotidien des siens, de la communauté, de la vie.
Lors d’une fête organisée à l’occasion de ses cinquante ans de service à la Maison Charlebois, le F. Pierre Berthelet, supérieur local, disait :
« Homme de service, homme de communauté, homme de caractère facile, homme de foi et de prière, Bruno a su dire Dieu par sa vie. Par ses actes, il a révélé le Dieu des prévenances, le Dieu de la joie, le Dieu de la miséricorde. Par ses comportements, il a manifesté beaucoup d’amour envers sa Congrégation et envers ses frères. »
La deuxième lecture proposée est tirée de l’Évangile de saint Luc :
« Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. »
L’évangile ne nous propose pas un projet de vie irréaliste, hors de notre portée.
Il nous invite à vivre pleinement chaque instant de notre vie, une vie sous le signe de l’amour à partager, de la communion à vivre, de la fraternité à créer.
Heureux serons-nous si notre maître de vie nous trouvera en train de servir la vie, d’aider les autres à grandir, de soutenir des projets de vie heureuse, de créer des espaces de tendresse, de paix et de justice.
Le F. Bruno a été un créateur de vie heureuse.
Partout où il est passé, il a su servir au meilleur de lui-même. Certains jours, il a trouvé cela plus difficile.
Mais, peu importe le lieu, il a été toujours debout à rendre service : aviculteur, cultivateur, responsable du chauffage, pomiculteur, responsable de l’entretien, buandier, jardinier, déneigeur… et même fossoyeur.
Il savait aussi s’arrêter et sourire à la vie. Il aimait bien les petites pauses avec ses confrères.
Le F. Bruno n’oubliait pas les siens pour autant.
Il aimait les grandes fêtes de famille du Jour de l’An. Il parlait avec tendresse de sa famille et savait se faire proche pour certains événements heureux et aussi malheureux.
Le P. Louis Ste-Marie, supérieur de la Maison Charlebois, écrit à l’occasion du jubilé d’or de son engagement chez les Viateurs en 2006 :
« Bruno est un homme de communauté. Il s’entend avec tout le monde. Malgré une élocution hésitante, il pose des questions, donne son opinion. Pas de complexe. Il taquine, accepte la taquinerie. Bruno est une personne joyeuse qui extériorise son bonheur. Et comme religieux, il est d’une fidélité exemplaire, un vrai priant. »
À l’image de Bruno, reprenons cet appel de Dieu dans les textes d’aujourd’hui.
Laissons-nous attendrir par nos frères dans le besoin. Aimons la vie simple. Servons la vie en toute générosité.
Et avec une certitude profonde, nous savons que notre Dieu nous attend pour nous inviter à sa table, celle de la communion amoureuse, celle du partage éternel.
Merci Bruno ! Nous continuerons à ton exemple à oser le service.
Jean-Marc St-Jacques, csv