Le soleil viatorien ne se couche pas au Japon
Du 7 au 21 décembre 2015, j’ai effectué la visite des Viateurs d’Extrême-Orient. Cela m’a permis de communier à leur quotidien et de partager la vie de ces communautés qui ne baissent pas les bras mais qui tiennent encore à bout de bras la mission viatorienne en des terres qui ont déjà été plus fertiles.
À l’aéroport Trudeau, ce matin du 7 décembre, on m’apprend le décès de notre cher Léon Ménard qui incarnait la passion de l’éternel missionnaire et l’amour pour la terre où il a servi. Le souvenir de Léon a habité tous mes jours passés avec mes confrères religieux, tous missionnaires, qui œuvrent, pour la plupart, depuis plus de 40-50 ans au Japon ou à Taïwan.
La mission viatorienne du Japon, en dépit de sa fragilité à cause du manque en personnel religieux, garde toute sa pertinence. Le charisme viatorien est encore présent et se matérialise principalement dans l’éducation à travers l’école de Rakusei dans le quartier de Hakubaicho et dans la pastorale paroissiale dans le secteur de Kitashirakawa.
À Hakubaicho, quatre confrères religieux et treize Viateurs associés forment la communauté locale dont les activités se rattachent surtout à l’école Rakusei. Le P. Gaëtan Labadie est président du Conseil d’Administration de l’école; F. Ignacio Vicario, supérieur de la Fondation, est aussi membre du C.A. Le P. Serge Bationo est professeur de religion en première année du secondaire tandis que le doyen des religieux, le F. Marcel Toupin, apporte encore son aide à la maintenance à l’école et à la résidence. Le tout dernier, le benjamin de la famille, F. Hermann Bamouni, poursuit son apprentissage à temps plein de la langue japonaise.
Les Viateurs associés travaillent tous à l’école soit comme membres du personnel de direction, ou de service ou comme enseignants. À noter parmi les Viateurs associés membres du personnel de l’école la présence de Mademoiselle Colette Morin, une Manitobaine qui vit au Japon depuis une vingtaine d’années.
À la paroisse Saint-Viateur de Kitashirakawa trois religieux et également 13 Viateurs associés représentent la communauté viatorienne. Leur champ d’activités est dirigé vers la pastorale et la catéchèse. Le P. Yves Boisvert est, depuis de nombreuses années, curé de la paroisse. Il s’apprête à passer le relais au P. Serge William Bationo qui assure actuellement la fonction de vicaire.
Cette communauté bénéficie de la présence et du soutien d’un confrère octogénaire, le F. Jacques Bernard, un vrai artiste, ô combien efficace et habile dans son atelier de fabrication de différents objets d’art et de jouets dont la vente contribue à soutenir des projets pour les plus démunis dans d’autres fondations viatoriennes.
Ma rencontre avec les associés de l’école a été une belle occasion pour les stimuler et les encourager dans leur mission. Je leur ai fait comprendre que l’avenir de la fondation ne reposait pas sur les seules épaules des religieux mais que leur contribution était essentielle.
J’ai eu la chance de participer à une « cérémonie du thé » que mademoiselle Colette Morin a organisée au profit d’Haïti. Les Viateurs du Japon sont profondément solidaires du travail que la communauté réalise dans les autres fondations et y apportent souvent leur soutien financier. J’en profite pour les remercier au nom de tous.
J’ai eu l’occasion d’aller rencontrer Mgr Otsuka, l’évêque de Kyoto, qui n’a eu que de de très bons mots pour les Viateurs. Il aimerait bien compter sur une présence encore plus forte de la communauté en pastorale. Il a démontré une belle satisfaction pour le travail que les Viateurs accomplissent. Il souligne le dynamisme tant apprécié du P. Serge Bationo.
J’ai pu profiter de certaines sorties pour visiter quelques-uns des nombreux temples de Kyoto, la « ville aux mille temples ». Une belle réception du personnel de direction de l’école de Rakusei m’a fait goûter aux fines saveurs de la cuisine japonaise.
À la lumière de cette visite, j’ai une bonne figuration de la Fondation du Japon. Des défis importants et imposants se présenteront. Des questionnements surgissent. Il urge de favoriser le développement d’une communauté créatrice, inventive et engagée. L’espérance n’est pas morte car l’Esprit nous devancera toujours.
Un saut chez les Chinois! Je suis allé à Taïwan
Je suis arrivé à Taïwan le jeudi 10 décembre et j’y suis resté jusqu’au dimanche 13 décembre 2015. Le P. Guy saint-Germain, le seul Clerc de Saint-Viateur encore présent en sol chinois est venu m’accueillir à l’aéroport de Taipei accompagné de deux anciens élèves du collège Weitao (traduire Viateur). L’un d’eux qui est journaliste-cameraman a pris le soin d’immortaliser tous les grands moments de la visite.
Taïchung! C’est un monde de souvenirs! Il ne reste que des souvenirs des Viateurs. Mais des souvenirs vivants qui disent la reconnaissance.
Le P. Saint-Germain m’a fait un très bel accueil et a pris les moyens nécessaires afin de rendre mon séjour agréable.
À Taichung,
- C’est une tournée du grand campus de l’école passée aux mains des Petits Frères de St-Jean-Baptiste en 1984.
- C’est l’observation d’une fin de journée d’école où plus de trois mille élèves de façon disciplinée et sécuritaire embarquent dans les autobus qui les attendaient.
- C’est la visite du « Sun Moon Lake » qui fait la fierté des Taïwanais.
- Ce sont les rencontres très intéressantes de personnes qui sont restées attachées aux Clercs de Saint-Viateur.
Le vendredi matin 11 décembre, j’ai commencé mon petit pèlerinage près du caveau où sont déposées les cendres de nos confrères décédés à Taïwan. Le dernier en date n’est nul autre que le P. Paul Cheng, inhumé une semaine seulement avant mon arrivée à Taïwan. Par la suite, nous sortons pour aller visiter Mgr Su, évêque de Tai-chung, un ancien de notre collège qui se situait à l’époque en face de l’actuel évêché. La rue porte d’ailleurs le nom de « Weitao Street ». Une rencontre agréable avec l’évêque et son vicaire général, le P. Hwang. Nous avons partagé le repas du midi avec l’évêque et le personnel de l’évêché.
L’accueil reçu des anciens élèves a été impressionnant. La visite a été bien préparée : affiche en français et en chinois, discours, remise de souvenirs, repas dans la salle de réception d’un grand restaurant. Il y avait plus d’une trentaine d’anciens élèves présents ce soir du 11 décembre.
Je me suis senti à l’intérieur d’une vraie famille, celle de tous les anciens élèves des Clercs de Saint-Viateur. J’ai retrouvé une touche présente partout. Des anciens d’une école viatorienne sont partout semblables. Nous avons bu à la même source. Cette année marque le 60e anniversaire du Weitao High School.
L’équipe de direction actuelle de l’école n’était pas en reste. Je me suis retrouvé également le samedi soir pour un dîner dans un chic hôtel de Taichung en compagnie de Mgr Su, l’évêque actuel et Mgr Whang, l’évêque émérite qui s’exprime dans un excellent français. Tout a été formidable.
Le dimanche matin du 13 décembre, après avoir accompagné le P. Saint-Germain à la célébration eucharistique (en chinois!) dans un couvent de religieuses, j’ai repris le chemin du retour à Kyoto.
Ainsi ai-je terminé la visite de Taïwan. Avec le P. Guy Saint-Germain, seul survivant de tous les Clercs de Saint-Viateur qui ont foulé le sol chinois, j’ai constaté officiellement l’extinction de cette fondation. Je lui fais savoir qu’il en sera fait mention dans un prochain bulletin de la communauté.
Nous tirons le rideau officiellement sur plus de soixante ans de présence et d’implication auprès de ce peuple. Le P. Saint-Germain poursuivra sa mission aussi longtemps que ses forces le lui permettront. Sa contribution est très appréciée dans le diocèse de Taichung ainsi qu’à l’école où il est encore membre du Conseil d’Administration et où il prête ses services bénévolement au département administratif.
Aucun défi ne doit venir à bout de notre cœur et de notre détermination. Quand la nuit descend, il est mieux de garder une bougie allumée.
Source :
Bulletin d’information no 191 (PDF).