Hommage – Funérailles du P. Léonard Audet, c.s.v.
LÉONARD AUDET (1932-2024)
Homélie
1re lecture : 2 Timothée 4, 1-5
Évangile : Matthieu 11, 25-30
La Parole de Dieu. Saint Paul. Serviteur de la Parole… Trois mots qui disent beaucoup de l’homme, du religieux, du pasteur qu’a été le P. Léonard Audet. Toute sa vie, il s’est consacré à porter la parole, une parole qui appelait à la fraternité, à la communion, à une relation intime avec notre Créateur, le Dieu de la vie qu’il a aimé servir en toute simplicité.
Le premier texte de notre célébration parle bien du P. Léonard. C’est de saint Paul, bien sûr. Il l’a tant étudié et enseigné. Il a su nous montrer l’importance de Paul dans l’histoire du développement du christianisme. Que de cours, que d’écrits, que de colloques pour tenter de faire surgir la force de la parole de Paul et sa pertinence pour notre temps.
Encore plus dans ce texte à Timothée. Paul écrit à un ami, un collègue, un proche. Sa lettre est empreinte de tendresse et porte ce souci de voir Timothée tenir dans sa mission. Le P. Léonard a été de ces personnes qui encouragent, qui soutiennent… mais aussi qui interpellent. « Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. » Tout au long de sa vie, le P. Léonard a repris cet appel de Paul. Il a su nous inviter à être des serviteurs de la Parole. Rappelons-nous ses circulaires comme Supérieur général. Encore aujourd’hui, ces textes sont paroles de Dieu.
Avec saint Paul, osons donc encore et encore porter une parole qui amène nos sœurs et frères à vivre l’idéal du Christ. Et pour Léonard, cet idéal passait par une vie fraternelle joyeuse et ouverte sur le monde. La communion fraternelle à la manière des premiers chrétiens était pour lui un témoignage fondamental d’une personne ou d’une communauté qui s’identifie comme des amis du Christ, des acteurs du Royaume de Dieu. Il a beaucoup insisté sur cet aspect essentiel de notre mission de Viateurs. Sommes-nous des lieux où il fait bon vivre ? Sommes-nous des communautés priantes ? Sommes-nous des frères qui célèbrent à la table du Seigneur ? La Parole de Dieu doit nourrir notre vie, par petites brides peut-être, mais elle est constamment un appel à oser encore aimer la vie et la servir.
C’est en ce sens que le P. Léonard a su faire avancer notre communauté dans la reconnaissance du projet initial de notre fondateur le vénérable P. Louis Querbes. Avec conviction, il nous a aidés à donner corps à l’association, à l’accueil de nos sœurs et frères associé.es, ces cohéritiers du charisme viatorien. Nous sommes ensemble porteurs de cette lettre à Timothée. Accomplissons jusqu’au bout notre ministère, celui de proclamer la Parole de Dieu à temps et à contretemps dans le monde qui est le nôtre, avec ces défis et ces enjeux.
L’Évangile de Saint Matthieu présente en mon sens deux aspects de la vie du P. Léonard. « Père, ce que tu as caché aux sages et aux intelligents, tu l’as révélé aux tout-petits ». Non pas qu’il nous faille être ignorant pour comprendre quelque chose de ce que Dieu veut de nous. D’un côté, Léonard savait écouter les gens, peu importe leur condition sociale. Il savait également entendre le cri des exclus de la terre. Et de l’autre, il a toujours cherché à dire dans des mots simples ce qu’il découvrait des richesses de la Parole de Dieu. En ce sens, il a rejoint notre mission première d’annoncer Jésus-Christ et de susciter des communautés où la foi est vécue, approfondie et célébrée.
L’autre aspect est que le P. Léonard a souvent pris sur ses épaules le fardeau de tant d’entre nous et de notre communauté viatorienne. Avec une foi profonde en la miséricorde de Dieu, il a été de ces frères qui créent des ponts, qui rassemblent, qui cherchent l’unité. Pour lui, il n’y avait qu’une communauté viatorienne, avec des deux branches, la vie religieuse et l’association, mais aussi avec des réalités différentes vécues dans chacun des pays où nous sommes. La richesse de la diversité de nos engagements et de nos expressions de foi ne devait pas effacer l’appel à ne faire qu’une communauté. Jusqu’au bout de sa vie, le P. Léonard avait cette sagesse de l’homme habité de Dieu. On n’aurait plus l’appeler le réconciliateur, tant il a toujours cherché à ce que nous soyons tous ensemble joyeux avec la Parole de Dieu comme guide, GPS oserais-je dire.
Il me faudrait une autre heure pour parler de l’amour que portait aux membres de sa famille et à ses ami.es le P. Léonard. Il savait en parler avec joie. Il aimait se rendre présent aux événements de sa famille. Il était fidèle à ses amis. Il se rendait disponible pour vivre avec eux de bons moments. Là aussi, en disciple de Paul, il a su dire la Parole de Dieu et nous éveiller aux clins d’œil que Dieu nous fait au fil des jours.
Osons donc continuer à porter la parole, partout où nous sommes. Par de petites attentions comme de plus grandes interpellations ! Croyons aussi en l’avenir de ce monde qui sera différent, mais qui peut encore être porteur d’une vie heureuse selon l’idéal du Christ. Soyons toujours des artisans de tendresse qui aident celles et ceux qui ploient sous le fardeau de la vie. Témoignons de cette fraternité joyeuse qui doit nous habiter en chrétien.
Proclame la Parole à temps et à contretemps !
Jean-Marc St-Jacques, c.s.v.
Supérieur provincial
3 février 2024