Funérailles du Frère Julien Tellier – Homélie
Homélie aux funérailles de Julien Tellier, c.s.v. (1934-2014)
Le frère Julien Tellier nous quitte à l’âge de 80 ans. En relisant ses notes personnelles qu’il nous a laissées, on redécouvre le chemin de son pèlerinage. Un long chemin de foi, de recherche, d’interrogation, d’hésitation et d’engagement.
Julien est un homme de foi et d’espérance. Son milieu familial était donc propice à la naissance de sa vocation. C’est en 1950 qu’il se présente à 16 ans au noviciat de Joliette avec le désir de se consacrer à Dieu. Mais il retourne à la maison. Il reviendra plus tard…!
Après quelques années de formation, on le retrouve dans des écoles de Joliette et de Roberval. Il se tire d’affaire avec bonheur dans l’enseignement des petits du primaire.
On remarque déjà chez lui du talent pour capter l’attention des jeunes. Il est inventif et créateur. Sa classe était toujours en fête avec des chatons, des lapins, des poissons et des plantes variées.
Les enfants l’aimaient et encore aujourd’hui on en garde un grand souvenir. S’il en a initié des jeunes pour le service de l’autel en leur apprenant patiemment par cœur toutes les prières dans la langue du Bon Dieu de l’époque : le latin.
« Celui qui écoute ma parole et croit au Père qui m’a envoyé, dit Jésus, celui-là obtient la vie éternelle… moi, je suis le pain vivant descendu, si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. » Il avait le don d’enseigner le catéchisme et de préparer les jeunes aux sacrements de l’initiation chrétienne. Dans des échanges fraternels plus intimes, il aimait raconter ses expériences et mine de rien, il se révélait. L’Eucharistie était au cœur de sa vie.
En 1959, il quitte avec quelques confrères pour fonder notre mission du Pérou. Il est généreux et fervent. Le Pérou était loin à l’époque. Il n’a pas été facile de quitter sa famille qui est allé le reconduire jusqu’à Dorval et c’est là que j’ai vu, dira-t-il, pleurer mon père pour la première fois. Il ne reviendra que 4 ans plus tard. Il se retire du Pérou définitivement en 1971.
On le retrouve à Joliette et à Rigaud où il rendra de précieux services comme secrétaire, sacristain, téléphoniste et jardinier. Son cœur est missionnaire. En 1987, il risquera un séjour prolongé en Haïti, plus précisément à Dondon où nous avions plusieurs petites écoles dans les mornes… Il gardera un profond souvenir de cette expérience.
Julien est un homme de foi, plein de talents et d’initiatives, original, amoureux des plantes, des bêtes et des oiseaux. C’est un contemplatif qui savait s’émerveiller. C’est dans la nature qu’il découvre la beauté de Dieu. « Tout ce qui est beau s’éclaire de Dieu. Il n’y a que la beauté qui ne nous fait pas douter de Dieu. »
Partout où la vie l’a conduit, il avait besoin pour survivre d’un atelier. C’était là son refuge où il entassait et empilait ses travaux d’artisanat, ses peintures et tout ce qu’il créait y compris ses nombreuses crèches qui lui permettaient de multiplier à loisirs ses personnages. Il faudrait bien ajouter qu’il avait le talent de fabriquer de la beauté avec tout ce qui lui tombait sous la main. En marge souvent de la communauté, dans sa solitude, au cœur de son monde, on respectait sa marginalité et il y trouvait son bonheur, sa joie de vivre tout en se réalisant.
« La volonté de mon Père, dit Jésus, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donné. » Julien a servi avec ce qu’il était, avec ses talents, son originalité, ses élans de générosité. Il aimait raconter ses souvenirs. Le plus beau livre de prière, c’est notre histoire. C’est bien au cœur de son histoire, à travers l’originalité et l’imprévu des événements que l’on découvre et redécouvre la joie renouvelée de rendre grâce. Espérons que Dieu lui offrira un petit coin du ciel uniquement réservé pour qu’il en fasse son atelier.
Qu’il repose en paix après les longues inquiétudes de la maladie qui l’ont accompagné depuis quelques années. Dieu ne déçoit pas. Il est fiable. Il est fidèle à ses promesses. « Viens mon fils bien aimé, tu portes en toi les secrets de la vie éternelle, ta foi t’a sauvé! »
René Pageau c.s.v.
20 novembre 2014