Hommage – Funérailles du F. Camille Poirier, c.s.v.
Les grains de blé ou d’orge enfouis dans la terre au printemps, notre frère Camille a connu cela, lui qui a passé 31 ans sur une ferme, une ferme expérimentale qui a donné son nom au petit village de St-Viateur de La Ferme et déjà son héritage familial l’avait préparé à répéter des gestes porteurs de vie, de bons grains, d’entraide, de générosité.
Il aurait pu s’orienter, comme la plupart du monde, en fondant une famille, en développant une ferme bien à lui. Son choix de vie dans la vie religieuse l’a amené à aider, à guider des jeunes, à les former sur le terrain dans un coin du Nord alors en développement.
Comme le grain de blé ou d’orge doit se transformer pour produire la tige et l’épi, Camille a lui aussi franchit des étapes : aviculteur, responsable et régisseur de la ferme et son expérience l’a amené à s’engager au sein de l’Union des Producteurs agricoles où il a joué un rôle régional. Ses conseils étaient appréciés.
Une fois la ferme vendue, il ne pouvait pas rester à rien faire. Aussi, animé de l’esprit viatorien, il a travaillé au sein du CA de l’Accueil Harvey-Bibeau, une maison d’accueil à Amos, venant en aide à des gens dans le besoin.
À sa façon et selon ses dons, sa disponibilité, il a su mettre en pratique la parole entendue dans la première lecture : « Nous devons aimer nos frères et sœurs non pas avec des paroles et des discours, ce n’était pas son genre, mais par des actes et en vérité. »
Personnellement, j’ai été témoin de sa disponibilité active et même nocturne. Une nuit d’hiver abitibien le système de chauffage s’est arrêté. Un coup de téléphone à la maison d’en haut, là où il demeurait et en quelques minutes il était sur place.
Il aurait pu dire comme un autre confrère de la même trempe, Roma Marleau que plusieurs ont connu et qui a lui aussi dépanné beaucoup de confrères, il aurait pu dire : « Je travaille pour mes frères fatigués. »
Après une longue vie bien remplie, au cours de sa sieste de l’après-midi, il s’est endormi dans le Seigneur.
J’imagine que l’image du grain de blé appelé à une transformation radicale était logée dans l’esprit et le cœur de notre Fr Camille et que la signification de cette image a pu l’aider à espérer la rencontre avec Dieu. Jésus nous a fait connaître un Dieu de tendresse, de miséricorde, d’accueil.
Peu de temps avant sa mort il traçait le chemin à tous ceux et celles qui cherchent à vivre à sa suite : « Si quelqu’un veut me servir qu’il me suive et là où je suis là aussi sera mon serviteur. »
Notre Frère Camille, comme bon et fidèle serviteur, a travaillé à rendre un coin de la maison commune, c’est l’expression employée par le Pape François pour désigner la terre, il a travaillé à rendre cette terre plus productive, accessible à plus de monde.
En priant Dieu d’ouvrir toute grande la porte du ciel à son serviteur, dans un même élan du cœur nous rendons grâce : sans regarder en arrière Camille a tracé un sillon droit et vu du ciel, c’est dans cette direction qu’il mène et c’est là notre espérance à tous et à toutes.
Robert Lalonde, c.s.v.
14 novembre 2015
Joliette