Année de la vie consacrée : vœu de célibat

Introduction

Oser parler du célibat religieux !

Le célibat pour le Royaume, assumé et vécu par les personnes consacrées, est-il devenu un sujet tabou? Peut-être l’un ou l’autre Viateur religieux a-t-il été confronté sur ce sujet par des commentaires du type « le célibat, voyons donc, c‘est impossible, ça n’a pas de sens… ».

De fait, le célibat est depuis plusieurs années contesté ou passé sous silence. Raison de plus pour réfléchir sur le sujet et en discuter.

Le célibat n’est pas insignifiant…

Oui, le célibat a de la valeur et l’exemple vient de haut. Jésus lui-même a été célibataire : l’Évangile nous montre comment Jésus a vécu ce célibat et somme toute, on peut affirmer qu’il l’a vécu de manière équilibrée et humaine. De plus, Jésus a donné du sens à son célibat : il a voué sa vie à la mission que le Père lui a confiée, il a noué des relations avec de multiples personnes et il a donné du temps à la prière.

Jésus n’en reste pas là. Dans une page célèbre de l’évangile de Matthieu (19,10-12), il rappelle le projet de mariage imaginé par Dieu, puis il évoque la possibilité de se faire célibataire avec lui en raison du Royaume : « Il y en a qui ont choisi de ne pas se marier à cause du royaume des Cieux. » Ici, nous touchons du doigt le sens que doit avoir le célibat des religieux : pour le Christ et pour son Royaume, des disciples peuvent être appelés à demeurer célibataires.

Le célibat en soi n’a pas de sens, il faut le dire. Mais en lien avec un appel à suivre le Christ pauvre, chaste et obéissant, en lien avec un projet de vie religieuse, en lien avec une réalité qui appartient à un ordre nouveau, le Royaume de Dieu, le célibat prend un sens réel qu’il faut se rappeler de temps à autre…

« Celui qui peut comprendre, qu’il comprenne ! »

Cet appel au célibat est reçu et se comprend d’abord dans la foi. Jésus est explicite : « Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné ». Pour saisir et accueillir le défi du célibat pour le Royaume, il faut avoir reçu de Dieu un don particulier.

Jésus et disciplesEt le Seigneur d’ajouter : « Celui qui peut comprendre, qu’il comprenne! » C’est pourquoi le célibat évangélique est mésestimé par de nombreuses personnes et les religieux peuvent faire l’expérience de l’incompréhension des autres.

Il est vrai aussi que le célibataire est souvent seul; à l’exemple de Jésus, il est appelé à habiter sa solitude par la prière.

Le célibataire dispose également de temps; comme Jésus, il le consacre à la mission. De fait, tout comme le Christ, le célibataire pour le Royaume est invité à devenir un témoin de l’amour de Dieu pour les personnes qu’il croise sur la route de la vie.

L’éminent théologien Karl Rahner affirme avec raison que le célibat pour le Royaume est « une possibilité authentique, éminente et sainte de réaliser l’existence chrétienne » et « une façon sainte de vivre la foi chrétienne, c’est-à-dire la conviction que Dieu représente la plénitude de la condition humaine » (dans « Le célibat du prêtre séculier tel qu’on en parle aujourd’hui », Revue ecclésiastique de Liège, 1967, no. 6.)

L’expérience de l’amour fraternel et de la communion avec Dieu

Le célibat est possible, à certaines conditions.

Tout cela est bien beau, objecteront certains, mais des difficultés demeurent. L’être humain peut-il s’épanouir sans relation conjugale? J’imagine que plusieurs se grattent la tête en entendant cette question.

Or, oui, le célibat est possible à condition que la personne qui choisit cet état de vie soit adulte et, plus particulièrement, qu’elle ait atteint un seuil de maturité psycho-affective qui lui permette de relever ce défi.

Souvent, on confond la sexualité humaine – la dimension masculine ou féminine qui marque tout l’être humain toute sa vie durant – avec la génitalité, ce qui a rapport avec les organes sexuels. Or, la sexualité humaine déborde et de beaucoup l’aspect génital de la personne. Le célibat n’est pas seulement le renoncement à l’activité génitale et à l’union conjugale.

Jésus et femmeLe célibat n’abolit pas la sexualité humaine. Le religieux célibataire demeure un homme sexué qui suit le Christ; avec sa grâce, il maitrise ses pulsions génitales, mais surtout il vit à fond des relations interpersonnelles et en particulier des amitiés, où il peut expérimenter le meilleur de la sexualité humaine.

De cette manière, il peut s’épanouir et devenir un être humain heureux et équilibré. Par contre, il devra être attentif à ce que ces relations interpersonnelles ne deviennent jamais le centre ou le cœur de sa vie qui sera toujours occupé par le Christ.

Enfin, comme l’être humain évolue sans cesse, le projet de vie du religieux à la suite du Christ croîtra, changera et mûrira. Selon les saisons de l’existence humaine, il vivra le célibat de manière différente. Mais sous la mouvance de l’Esprit, il atteindra le but que le Seigneur propose à tous ses disciples, entrer progressivement dans la liberté, celle que donne l’expérience de l’amour fraternel et de la communion avec Dieu.

Source :
Bulletin d’information no 182 (PDF).

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