Hommage-Funérailles du Frère Léon Ménard c.s.v.
Hommage du P. René Pageau c.s.v. aux funérailles du F. Léon Ménard (1933-2015)
Jean 4,7–10
Matthieu 25,34-40
Les lectures de la Parole de Dieu qu’on vient de proclamer tracent bien le profil spirituel de notre confrère qui vient de nous quitter.
« Tous ceux qui aiment sont enfants de Dieu. » Le frère Léon était bien l’un de ceux-là. À travers le témoignage de sa vie, « Dieu a manifesté son amour parmi nous. » Un amour de miséricorde, de bonté, de douceur.
Le cœur sur la main, il a multiplié ses rencontres sur le chemin de ceux et celles qui avaient besoin d’être écoutés et consolés. Il avait appris que l’amour, c’est tout donner et se donner soi-même. Il avait les mots pour redonner confiance. Il avait le don de se faire proche de ceux et celles qui avaient besoin. Il les devinait.
Le pape François nous parle aujourd’hui d’une Église en sortie, d’une Église de proximité qui va vers l’autre, qui tend la main et se fait proche, d’une Église pour les pauvres et les oubliés, pour ceux qu’on laisse dans la marge.
Le frère Léon, à sa manière et à sa mesure, était un fidèle serviteur de cette Église depuis toujours. Il allait naturellement, intuitivement vers les moins favorisés. Ceux-ci venaient aussi spontanément à lui à cause de son inépuisable bonté et de sa patience évangélique.
Plein d’initiatives, créateur, imaginatif et souvent dans la plus grande discrétion, il savait, mine de rien, inventer des occasions de rencontres pour rejoindre ceux et celles qu’on oubliait. Il s’en faisait des amis.
On cherchait le frère Ménard, mais parfois il n’était pas à son poste, il n’était pas là où il devait être, mais il rendait véritablement service à ceux et celles que sa bonté lui avait fait découvrir au hasard de ses déplacements. Il rayonnait sans trop s’en apercevoir et surtout sans prétention. Il était naturellement un rassembleur.
Il est né un 25 décembre. C’était donc aux environs de Noël que ses bienfaiteurs se manifestaient. Il savait susciter leur générosité, jamais pour lui, mais toujours pour ceux et celles qui en avaient véritablement besoin.
C’est aussi à Noël qu’on fait mémoire que Dieu n’est pas quelque chose à faire, mais quelqu’un à aimer qui ne peut vivre en nous que par notre amour.
Quelle grâce que de pouvoir comprendre que Dieu se fait chair en nous quand nous secourons quelqu’un que la vie malmène!
Quelle grâce que de pouvoir comprendre que lorsque nous donnons à manger à un élève qui se meurt de faim, c’est Dieu qui se fait chair en nous!
Secourir son frère, sa sœur dans le besoin, c’est faire advenir Dieu au milieu de nous.
Un jour, j’écoutais Léon expliquer à un groupe de jeunes, lors d’une leçon de catéchèse, que l’Évangile, c’est la bonne nouvelle, mais que l’Évangile concret, que l’on peut voir, que l’on peut toucher, que l’on peut écouter, c’est chacun, chacune de nous. C’est en nous que Dieu veut se manifester.
On cherchait Léon… Où est-il? Il est partout! Il n’est nulle part! Léon, c’était Léon… il avait son style, son programme, ses priorités, ses valeurs. « Ce que vous faites à l’un de ces petits, c’est à moi que vous le faites. » Cette parole de Jésus, il en avait fait sa devise, sa ligne de conduite. Cette parole de Jésus donnait la couleur à ses initiatives apostoliques.
Mes amis, vous l’avez connu Léon! J’aurais pu insister sur ses 20 ans où il s’est dévoué auprès des sourds, sur ses 10 ans qu’il a vécu en Haïti, en rendant de multiples services, mais j’ai préféré vous parler de son charisme, de la beauté de son cœur dans lequel il puisait sa joie à rendre heureux ceux et celles que la vie n’a pas choyés. C’est en eux qu’il contemplait le visage de Dieu.
C’est le souvenir que je garde de Léon qui nous surprenait, nous déconcertait parfois. Mais où est-il encore? Il est au rendez-vous de Dieu où l’a conduit sa foi et son espérance. Qu’il repose dans la paix des bons et fidèles serviteurs.
René Pageau, c.s.v.
12 décembre 2015
Hommage du Supérieur provincial à l’occasion du décès du F. Léon Ménard, c.s.v.
Au moment de quitter le Québec pour aller visiter mes frères et sœurs d’Extrême-Orient (Japon et Taïwan), j’ai appris le décès de mon confrère, ancien professeur au Collège Immaculée-Conception de Gonaïves, mon ami que j’ai tant apprécié.
La dernière fois que je l’ai vu le samedi 21 novembre, Léon ne semblait nullement préoccupé par son départ. Et quand je l’ai salué dans le cubicule de la réceptionniste à la résidence Saint-Viateur, je me doutais bien que c’était la dernière fois. N’était-ce une pudeur je lui aurais fait des adieux sachant que je n’allais pas retourner au centre Champagneur avant la fin du mois de décembre.
J’avais l’intuition qu’il ne célèbrerait pas ici-bas un dernier Noël, un dernier anniversaire de naissance. Léon est le revers de Noël aimait-il faire remarquer. Il avait la chance de voir le jour à la même date que le Christ.
Cher Léon, j’aurais aimé te demander de quoi tu avais été le plus fier dans ta vie et quel était ton meilleur accomplissement? Je me doute qu’Haïti serait mentionné quelque part dans ta réponse.
Tu revenais souvent sur ton séjour en Haiti. Et je me souviens de ce matin de 1981 quand le « petit frère » que nous appelions « Zachée » est venu changer l’atmosphère rigide et l’image d’inaccessibilité que projetaient certains religieux au collège. Tu étais devenu le « teacher » de tous, le « teacher pour tous ».
Nous allions cogner à ta porte pour avoir les résultats de nos travaux. Cela irritait certains de tes confrères. Toi, tu grandissais en popularité auprès de la gent estudiantine du CIC. Tes cours d’anglais soigneusement préparés nous donnaient l’envie de découvrir la langue de Shakespeare.
Tu as aussi donné des cours de catéchèse préparatoire aux sacrements. Comment ne pas rappeler que des jeunes extérieurs au collège ont bénéficié de la formation que tu donnais et ont pu faire leur première communion et leur confirmation. Un d’entre eux est aujourd’hui prêtre et a été un clerc de Saint-Viateur pendant plusieurs années.
Tu es resté au long de ces années le religieux humble et dévoué à sa communauté, un passionné des plus petits et des pauvres jusqu’à en perdre la raison. Je te dis notre reconnaissance au nom de tous.
Merci cher Léon, mon Frère Léon, my teacher. Tu as marqué la mission haïtienne. Ce n’est pas pour rien qu’en cette année du 50e de la fondation tu avais jugé bon de convoquer des anciens missionnaires et nos anciens collaborateurs missionnaires à venir rendre grâce avec nous au Sanctuaire de Lourdes ce dimanche 16 août. Tu n’as pas pu t’y rendre toi-même mais ton geste dit long sur ton amour et ton affection pour le coin de terre qui est le mien et qui est devenu le tien.
Maintenant, fête le 50e d’Haïti avec tous les missionnaires qui t’ont précédé et qui se sont dévoués pour Haïti chérie.
Nestor Fils-Aimé,CSV
Supérieur provincial
Ton ancien élève
Source :
Bulletin d’information no 190 (PDF).