La joie de l’Évangile
« La joie de l’Évangile remplit le cœur de toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. »
Tels sont les premiers mots de l’Exhortation apostolique du Pape François : « Avec Jésus Christ, la joie nait et renait toujours… elle se renouvelle et se communique. » (2) Il confirme son propos par une citation de Benoît XVI : « Personne n’est exclu de la joie que nous apporte le Seigneur. » (3)
Six mois plus tard, le 22 mai 2014, dans son homélie à Sainte-Marthe, il reprendra ce même thème :
« La joie est le signe du chrétien, le sceau du chrétien, à tel point qu’un chrétien sans joie n’est pas un chrétien, ou bien il est malade. Il n’a pas une bonne santé… La santé chrétienne se mesure à la joie… Cette joie du chrétien se vit aussi dans les souffrances, dans les persécutions… Qui donne la joie? L’Esprit-Saint est le don qui donne la paix, qui enseigne à aimer et qui comble de joie… Que le Seigneur nous donne cette grâce de garder toujours l’Esprit-Saint en nous, cet Esprit qui enseigne à aimer, comble de joie dans la paix… »
La joie est l’expression de l’amour de Dieu. En effet, mon amour de Dieu fait ma joie et ma joie en lui fait mon amour…
Cette joie qui prend sa source dans l’amour de Dieu est un enchantement, un embellissement, un émerveillement. Toute l’existence en est transformée. Jésus est le vrai chemin de notre bonheur. La joie est contagieuse, elle ne se transmet pas par des discours, mais par transparence, par attraction, par le témoignage.
Il nous faut donc, comme dit le Pape, quitter nos faces de carême pour témoigner avec ardeur et enthousiasme de la Résurrection. Ne sommes-nous pas des messagers de la vie éternelle?
« Le chrétien n’a qu’un seul devoir, affirme Paul Claudel, celui d’être heureux », mais il n’a pas le droit d’être heureux seul. Pour demeurer évangélique et missionnaire, la joie doit être généreusement partagée surtout avec les plus délaissés, les plus oubliés.
La mission de tout baptisé, c’est d’annoncer la joie de la Bonne Nouvelle qui se donne comme une lumière, comme la douceur d’un pardon, comme une attention affectueuse, comme un geste d’amitié.
Dieu est joie comme il est amour. Il fait joie comme il fait soleil, comme il fait beau, comme il fait Dieu.
Le Pape François reconnait
« Que la joie ne se vit pas de la même façon à toutes les étapes et dans toutes les circonstances de la vie, parfois très dure. Elle s’adapte et se transforme, et elle demeure toujours au moins comme un rayon de lumière qui naît de la certitude personnelle d’être aimé, au-delà de tout. Je comprends, dit-il, les personnes qui deviennent tristes à cause des graves difficultés qu’elles doivent supporter, cependant peu à peu, il faut permettre à la joie de la foi de commencer à s’éveiller, comme une confiance secrète mais ferme, même au milieu des pires soucis… les faveurs du Seigneur se renouvellent chaque matin, grande est sa fidélité. » (6)
Que faisons-nous des croix qui à certaines périodes de la vie balisent notre chemin? On vit des remises en questions qui dérangent, on fait des deuils qui déstabilisent, on est en face de chemins imprévus qui inquiètent, de blessures qui trahissent, de séparations qui surprennent et traumatisent… La joie nait du silence.
Dieu parle dans le silence. À travers nos croix quotidiennes, le chemin de Pâques se précise… C’est alors que l’on apprend à ne pas s’enfermer, à pleurer sur notre sort, parce que les croix ne barrent jamais la route. Il nous faut aller vers les autres. C’est ensemble en Êglise que nous est révélée la beauté toujours nouvelle du Christ qui transfigure tout ce qui donne la vie.
Toutes nos croix à travers la croix du Christ sont ordonnées à la joie. Que la croix du Christ garde dans nos cœurs la joie glorieuse de la Résurrection!
Ne l’oublions pas…
« Nous avons tous été créés pour que l’Évangile nous propose : l’amitié avec Jésus et l’amour fraternel. Quand on réussira à exprimer adéquatement et avec beauté le contenu essentiel de l’Évangile, ce message répondra certainement aux demandes les plus profondes des cœurs… Notre tristesse infinie ne se soignera que par un amour infini. » (265) « Ne nous laissons pas voler l’idéal de la vie fraternelle… » (101) « Notre imperfection ne doit pas être une excuse au contraire, la mission est un stimulant constant pour ne pas s’installer dans la médiocrité et pour continuer à grandir. » (121) Souvenons-nous « que la miséricorde est la plus grande de toutes les vertus. » (37)
À travers toutes nos croix quotidiennes, il y a des inattendues de Dieu qui nous surprendront. Y a-t-il plus fort que la joie pour vaincre la tristesse, la déprime, le désenchantement, la morosité, le mal de vivre? Cette joie, nul ne pourra nous la ravir. Elle prend sa source dans l’amour et l’espérance. « Je vous ai dit ces choses pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. » (Jn 15,11)
Cette joie ne s’achète pas, ne se fabrique pas, elle est grâce, elle est don. Joie de vivre, joie d’aimer, joie de donner, de grandir, de progresser, de vieillir… joie de la fidélité, joie de redécouvrir la vie chaque matin, joie du silence et de la solitude, joie de la fraternité et de la communion, joie de la tendresse et de l’amitié. Ah! La symphonie de la joie qui nous plonge au cœur de cette Bonne Nouvelle qui transfigure notre vie. Le Christ est notre joie. Il est la joie de chacun et de chacune.
Il est le bonheur qui comble les désirs les plus profonds de l’être humain. Il donne celle joie promise comme il se donne à nous, comme il se livre à notre amour. Sa joie est de se donner! « C’est la joie au plus intime du cœur des croyants qui est le plus irrésistible témoignage du Dieu vivant… » (Zundel)
Allez, partez, sortez vivre en périphérie avec les plus abandonnés, vers ceux que nous avons conduits imperceptiblement et socialement dans la marge, ceux que nous avons rejetés… Oui, allez leur partager la joie de l’Évangile, la joie de la Résurrection, de la Pentecôte, la joie du bonheur de vivre.
Soyez source de joie. « S’il y a plus de joie là où nous passons, plus de beauté, plus d’amour et plus de liberté, alors il ne sera pas nécessaire de nommer Dieu parce que la joie est comme Dieu, elle est un mystère caché dans le silence, elle se trouve qu’en se communiquant. » (François Darbois)
Un programme de la joie devrait être affiché un peu partout sur les murs des grandes villes. Celle proposition est de Zundel. Que la joie enterre nos peurs, nos craintes, nos angoisses, et surtout nos tristesses! « Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps; je vous le dis encore, réjouissez-vous. » (Ph 4,4)
Pleurons de joie, dansons de joie, faisons la fête pour ressusciter ceux qui se meurent de tristesse. Réjouissons-nous, soyons dans la joie parce que Dieu est là, il nous attend là où l’on sème la joie. Oui, croyez-le ou non, la joie a un nom et un visage, c’est Jésus de Nazareth. Si l’on veut savoir jusqu’où il nous aime, contemplons-le dans la crèche de Bethléem, suspendu à la croix et sur l’autel.
La joie véritable, c’est de porter dans son cœur la certitude que l’amour a toujours le dernier mot. Tout passe, mais l’amour demeure éternellement. La joie qui dure, malgré les vents contraires, nous est donnée avec la certitude que Dieu m’aime à la folie et que je vis suspendu à son amour comme le !ils qui est de retour.
La vraie joie m’est donnée lorsque je découvre le visage de mon frère et de ma sœur comme le plus beau vitrail de Dieu… « Ne nous laissons pas voler l’idéal de l’amour fraternel » (101) « Ne nous laissons pas non plus voler l’enthousiasme missionnaire! » (108)
Le Pape François termine son Exhortation en affirmant :
« Chaque fois que nous regardons Marie, nous voulons croire en la force révolutionnaire de la tendresse et de l’affection… Que la Vierge veille sur nous pour que la joie de l’Évangile parvienne jusqu’aux confins de la terre et qu’aucune périphérie ne soit privée de la lumière. » (288)
« Seigneur, reçois le merci de ma joie! »
N.B. Les chiffres indiquent les références de l’Exhortation apostolique
René Pageau, c.s.v.
Recteur
Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes de Rigaud
Source :
Voix du Sanctuaire – 2015 (PDF).