La souffrance, le sens et le besoin de présence
Notre confrère Jean-Michelin Cadet a subi une intervention chirurgicale le 18 décembre, pour remédier à une infection à sa jambe droite affectée à la suite du tremblement de terre de 2010 en Haïti.
Il est actuellement à l’hôpital de Joliette pour les soins que nécessite son cas. Il nous fait plaisir de partager avec vous, un texte qu’il a écrit au Centre Champagneur sur le sens de sa souffrance. Nous lui souhaitons du courage et l’assurons de notre communion et de nos prières.
Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 en Haïti : un événement troublant mais instructif…
La vie a-t-elle un sens pour nous?
Osons-nous penser à la mort quand tout va bien?
Que représente Dieu pour nous dans notre vie de tous les jours?
Les obstacles, les difficultés, les souffrances sont-ils pour nous, chemin de rencontre d’un Dieu miséricordieux riche en bonté, en amour et en justice?
Pensons-nous uniquement à Dieu quand ça ne va pas ou pensons-nous à lui dans nos bons comme dans nos mauvais moments?
Un événement rencontré, vécu peut-il chambarder notre vie pour nous mettre face à Dieu, nous obliger à faire face à Dieu?
Dieu est toujours là à nos côtés en dépit de nos erreurs, de nos doutes, de nos péchés et de nos désirs d’être grand, d’être fort. Nous ne devons pas avoir peur de raconter un événement même si c’est difficile à la suite des cicatrices laissées dans nos corps et nos esprits.
Ainsi, j’ai choisi d’évoquer un événement qui m’a profondément marqué. Vivre l’événement du tremblement de terre du 12 Janvier 2010 en Haïti, en passant deux jours sous des décombres, avec tant de morts et de destructions, pour sortir en vie avec mon corps et mes jambes dans un état déplorable et lamentable, c’est vivre ma Pâques.
Vivre la Pâques, c’est vivre la résurrection de Jésus. Vivre la résurrection de Jésus, c’est vivre notre propre résurrection. Ainsi chaque jour que nous voyons dans notre vie, c’est comme un dernier. Dieu doit être toujours au cœur de notre vie.
J’ai vécu ce temps avec foi et espérance car je sais que Dieu est toujours à mes côtés même si je ne le vois pas physiquement. Il est prêt à me soutenir et à me secourir.
Aujourd’hui encore les événements me reviennent de temps en temps dans la tête bien que je fasse tout pour les oublier. Les cicatrices prennent du temps à s’effacer. Je dois donner du temps au temps. Comme l’amour de Dieu pour nous est incommensurable, Jésus m’invite à une libération personnelle. Il me libère si je suis sincère et si j’ai la volonté de changer.
La vie est un combat qu’il faut mener avec beaucoup de courage. La douleur est ce qui me rend plus humain. Personne ne peut prétendre vivre que pour lui-même. Dans notre vie de tous les jours, on a besoin de la présence de l’autre pour nous épauler, nous aider et nous remonter le moral. La présence de l’autre dans notre vie doit être considérée comme un cadeau du ciel.
Je suis heureux de vivre ce temps inoubliable avec les confrères du Centre Champagneur. En dépit de leur âge avancé, je les considère jeunes pour moi. « La jeunesse n’est pas un âge mais un état d’esprit », nous dit le général Marc-Arthur.
Elle est une façon de penser, de réfléchir, de raisonner, de voir la réalité et de comprendre les autres. Je remercie toutes celles et ceux qui m’aident à vivre et à traverser ce moment douloureux. Dieu saura vous récompenser.
Paix sur vous !
Source :
Bulletin d’information no 179 (PDF).