Hommage au père Jean-Baptiste Genest c.s.v. (1927-2015)
Ce cher Baptiste
– vous excuserez et permettrez cette familiarité –
Le bon père Baptiste est maintenant entré dans la « Demeurance » du Père éternel.
« Demeurance », nom qu’il avait emprunté à Félix-Antoine Savard, pour baptiser la vieille maison centenaire, sise sur un petit plateau, au fond de la magnifique baie de Port-au-Saumon.
Après le lac Ouareau, le Lac des Plages, Cap aux Corbeaux, c’est là, à Port-au-Saumon, en plein cœur de Charlevoix, qu’il avait planté quelques tentes pour accueillir toutes ces générations de jeunes qui viendront pour vivre à la dure au contact de la nature, des moustiques, de l’eau glaciale de la rivière, se taper de longues marches en forêt, en montagne explorer les étangs, les champs, les tourbières…
Dans l’hommage rendu au Père Genest, lors du 25e anniversaire du Camp d’écologie, Raymond Hutchinson nous rappelait bellement :
« Oui, Jean-Baptiste a créé un camp…
de la façon la plus simple et la plus naturelle au monde,
sans ostentation et sans brusquer personne.
Il a tout simplement communiqué avec une force tranquille et persuasive
son état d’âme de prêtre qui aime les gens et,
naturellement, les jeunes. »
Oui le père Baptiste aimait les jeunes.
Il croyait en eux, en leur vitalité, leur potentialité, leur richesse et il a consacré toute sa vie à les instruire et à les faire s’épanouir.
À servir à ses côtés, j’ai pu l’observer, été après été, courageusement, patiemment, patauger dans la vase et les flaques d’eaux laissées par les basses marées, entouré des jeunes campeurs à la recherche de la vie qui y grouillait.
Je le vois s’émerveiller avec eux lors d’une prise, leur expliquer avec maints détails la merveille qu’ils avaient sous les yeux. Les initier à la beauté, à la grandeur et au respect de la nature, de la création.
… C’était beau à voir …
Éducateur chevronné et passionné, il savait élever ces esprits, ces âmes, à la grandeur de ce qui les entourait, de ce qui les habitait; à leur faire toute la place, les pousser en avant avec exigence et patience, discipline et bonté, pour faire émerger ce qu’il y a de meilleur en eux, les faire se déployer dans toute leur richesse.
Il a su pousser ces mêmes jeunes au don de soi, les invitant à développer leur plein potentiel, leurs nombreux talents pour qu’ils donnent aux suivants ce qu’eux-mêmes avaient reçu.
Que de jeunes moniteurs il a ainsi formés pour devenir de vrais leaders dans la société.
Homme humble et effacé, il a su se faire aider, rassembler autour de lui un bon noyau de fidèles collaborateurs.
Toujours discret, il ne cherchait pas à s’imposer. Il savait s’effacer pour vous laisser toute la place. Il vous faisait vous sentir important.
Et c’était contagieux… Vous seriez étonnés d’entendre les noms de tous les CSV qui sont passés à Port-au-Saumon, pendant toutes ces années, venir aider le bon père Baptiste apporter leur contribution à l’animation, à la maintenance, à la cuisine, au transport, et qui sont revenus saisons après saisons. (Ça frôle la centaine).
Et j’y suis resté trente saisons. J’ai beaucoup appris de lui. Il a été une inspiration.
Homme affable, l’humble et bon père Baptiste avait le cœur grand et accueillant. Je le vois encore, se faire le père avenant à la vue du visiteur surprise, quel qu’il soit, tendre l’oreille, fouiller dans sa mémoire et après quelques mots seulement, placer fièrement un nom à ce visage souriant. Quel plaisir il avait d’accueillir les anciens. Tous s’y sentaient chez eux, en famille.
Le bon père Genest, tout comme le père Querbes, avait une dévotion toute spéciale à Marie.
Il portait tous ces jeunes dans son cœur et invoquait sur eux la protection de la Vierge-Marie.
Je le vois dans le silence du soir, alors que le sommeil gagnait tout le campement, arpenter lentement le terrain, le chapelet à la main. De toutes ces années, je ne me souviens pas d’avoir connu d’accidents graves.
À cet éducateur passionné – À ce maître inspirant – À ce confrère combien attachant – À ce saint homme édifiant… je dis Merci. Mille fois Merci !
Et bon repos, en cette céleste Demeurance.
Yvon Rolland, c.s.v.
2015-02-16