Hommage – Funérailles du Père Luc-Émile Foisy, c.s.v.
Homélie
Nota Bene – Les lectures de la célébration figurent en bas de page
Chers Frères et Soeurs,
le passage de l’Évangile que nous venons de proclamer
rappelle la visite de Jésus au domicile de Marthe
et son célèbre entretien avec Marie.
C’est un des rares passages des Évangiles
qui se situe dans l’intimité d’un foyer
sans cérémonie, entre amis,
hors de la présence des douze.
Les récits évangéliques ne sont pas d’ordinaire dépourvus de tension
pour la raison qu’ils racontent les aspérités d’une mission,
la mission du Christ avec ses disciples
vers une population en quête de sensations fortes,
pas toujours facile à remuer
et en compagnie des docteurs de la loi
toujours près à contrarier le Sauveur,
ce qui fait qu’avec eux, la confrontation n’est jamais loin.
Pourtant, le message de Jésus, dans son fond,
est un message de paix.
Il ne cherche pas la chicane,
mais une vie heureuse, altruiste, généreuse.
Saint Pierre nous le rappelle dans la première lecture :
« Ayez tous les mêmes dispositions et les mêmes sentiments :
aimez-vous comme des frères,
soyez bienveillants et humbles les uns à l’égard des autres.
Ne rendez pas le mal pour le mal
ou l’insulte pour l’insulte » (1 P 3,8-15).
Un peu plus loin, le même apôtre insiste encore :
«Soyez hospitaliers les uns à l’égard des autres
sans mauvaise humeur.
Que chacun de vous utilise pour le bien des autres
le don particulier qu’il a reçu de Dieu.
Vous serez ainsi de bons administrateurs
des multiples dons divins.
Que celui qui a le don de la parole
transmette les paroles de Dieu;
que celui qui a le don de servir
l’utilise avec la force que Dieu lui accorde;
Il faut qu’en toutes choses gloire soit rendue à Dieu,
par Jésus-Christ à qui appartiennent
la gloire et la puissance pour toujours » (1 P 4,9-11).
Ceux qui ont connu Luc-Émile d’un peu près
ne sont certainement pas étonnés
du choix des lectures
qui accompagnent la présente célébration,
car c’est dans le quotidien qu’il excellait, notre confrère,
timide par moment, mais jovial, humain, généreux,
sportif invétéré et amateur de taquineries.
Quatrième de cinq frères, suivis de deux soeurs,
Luc-Émile Foisy est né d’une famille très chrétienne.
Deux de ses frères, aujourd’hui décédés,
ont été Clercs de Saint-Viateur avant lui, Marcel et Roland.
Deux de ses oncles, côté maternel,
ont servi l’Église comme prêtres :
les abbés Jean et Léo Gamache.
Luc-Émile rêve très jeune à la prêtrise;
il joue à la messe chez lui,
puis s’initie à la beauté des cérémonies
comme enfant de choeur à l’église Saint-Pierre
et plus tard, à la cathédrale.
Grâce à la générosité d’un bienfaiteur,
le voilà pensionnaire au Séminaire jusqu’en Rhétorique.
Les inévitables soubresauts de l’adolescence ne l’empêchent pas
de cultiver une piété jeune mais authentique.
L’idée de devenir religieux, pendant toutes ces années, ne le quitte pas.
Après le Noviciat vécu ici même, ce sont les années de Scolasticat,
puis un beau jour de 1950, il réalise enfin le rêve de son enfance,
l’accès au sacerdoce.
À croire qu’il n’est pas très haut coté aux yeux des autorités,
on l’envoie, d’entrée de jeu, enseigner à l’École du Christ-Roi,
en 7e année, à raison de 26 cours par semaine
en plus d’assurer l’aumônerie et la confrérie des Saints-Anges.
On ne craint pas de l’initier au changement
comme le veulent les moeurs de l’époque
avec quatre changements d’affectation en quatre ans :
le Christ-Roi à Joliette, La Ferme en Abitibi, Rouyn-Noranda en Abitibi,
le Juvénat des Saints-Anges à Berthier!
Mais voici que le vent est en train de tourner.
Avec les années, sa présence auprès des juvénistes,
que ce soit à Berthier ou à Rawdon,
finit par être remarquée.
Il enseigne, bien sûr, il agit comme accompagnateur spirituel,
sait se faire des amis,
pratique tous les sports avec l’ardeur d’un jeune.
Sa présence est appréciée
si bien qu’on va même jusqu’à lui confier des rôles d’administrateur,
et même de directeur.
Sa timidité native, dans ces rôles non prévus,
lui conseille la prudence.
« Comme directeur, remarque l’un de ses sujets,
il préfère faire appel à la collaboration des confrères
plutôt que de leur dicter ses volontés.
Il projette toujours le même souci apostolique,
toujours la même inquiétude des vocations,
toujours la même soif de partager. »
Peut-être est-il plus doué qu’on croyait,
mais d’une manière peu remarquée,
parce que trop naturelle, comme allant de soi.
C’est que son charisme propre est de l’ordre de l’entregent.
Ne menaçant personne, il joue, presqu’à son insu, le rôle de rassembleur,
se montrant « non pas persuasif, mais contagieux ».
Puis, suite à la débacle des vocations,
c’est, sans qu’on le dise trop, l’abandon des juvénats.
Il lui sera donné, à partir de 1976, de changer d’orientation.
Le voilà invité à mettre son humanité au service des paroisses,
longtemps comme vicaire à Rawdon, Joliette,
Saint-Ambroise, Sainte-Marcelline,
mais aussi comme curé à Saint-Tite, Saint-Ambroise et Sainte-Marcelline.
Les 20 dernières années, l’âge venant, notre confrère habite
l’une ou l’autre de nos maisons,
assurant le ministère qui s’offre,
à l’intérieur comme à l’extérieur de la communauté.
Il ne sait modérer ses transports qu’une fois nonagénaire,
saisi par quelques alertes concernant son état de santé.
Tout compte fait, le passage parmi nous de Luc-Émile
a été un véritable don de Dieu offert à la sainte Église
et à la communauté.
Grand merci au Seigneur de nous l’avoir donné.
Permettez-moi de clore mon homélie
par un extrait d’un poème tiré de notre bréviaire :
Loué soit notre Dieu
Qui ensemence la terre
D’un peuple où son Esprit
Est plus puissant que la guerre;
En Jésus-Christ,
La vigne porte du fruit
Quand tous les hommes sont frères.
Bruno Hébert, c.s.v.
26 juillet 2017
Première lecture – 1 P 3,8-15
Mes frères,
ayez tous les mêmes dispositions et les mêmes sentiments :
aimez-vous comme des frères,
soyez bienveillants et humbles les uns à l’égard des autres.
Ne rendez pas le mal pour le mal,
ou l’insulte pour l’insulte.
Au contraire répondez par une bénédiction,
car c’est une bénédiction que Dieu a promis de vous accorder
quand il vous a appelés.
En effet, voici ce qui est écrit :
« Celui qui veut jouir d’une vie agréable
et connaître des jours heureux
doit se garder de médire et de mentir.
Il doit se détourner du mal, pratiquer le bien
et rechercher la paix avec persévérance.
Car le Seigneur s’oppose à ceux qui font le mal ».
Qui vous fera du mal si vous êtes zélés pour pratiquer le bien?
Même si vous avez à souffrir
parce que vous faites ce qui est juste,
vous êtes heureux.
N’ayez aucune crainte des autres
et ne vous laissez pas troubler.
Mais honorez dans vos coeurs le Christ comme votre Seigneur.
Deuxième lecture – Luc 10,38-42
Évangile de Jésus-Christ selon Saint Luc
Tandis que Jésus et ses disciples étaient en chemin,
il entra dans un village où une femme, appelée Marthe,
le reçut chez elle.
Elle avait une soeur appelée Marie,
qui, après s’être assise aux pieds de Jésus,
écoutait ce qu’il enseignait.
Marthe était très affairée à tout préparer pour le repas.
Elle survint et dit :
« Seigneur, cela ne te fait-il rien
que ma soeur me laisse seule pour accomplir tout le travail ?
Dis-lui donc de m’aider ».
Le Seigneur lui répondit :
« Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites
pour beaucoup de choses,
mais une seule est nécessaire.
Marie a choisi la meilleure part,
qui ne lui sera pas enlevée. »