Pour une vie pleine de sens
Cet article est tiré du site Catéchèse / Ressources. Il reprend quelques idées de l’ouvrage d’Henri Boulad intitulé « La foi et le sens » que nous vous conseillons grandement (Éditions Médiaspaul, 2014).
Ma vie a-t-elle un sens? Et si elle a un sens, quel est ce sens?
Pour un chrétien, trouver le sens ultime de sa vie est intimement lié au regard que Dieu lui porte :
« Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré. » (Jr 1,5)
« Je t’aime d’un amour éternel, aussi je te garde ma fidélité. » (Jr 31,3)
« Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom. » (Is 43,1)
La Bible enseigne que mon existence n’est pas un caprice de la nature. J’existe parce que j’ai été aimé et connu de Dieu avant même d’exister.
C’est l’Amour même qui est la cause de mon existence. C’est depuis toujours que Dieu m’a aimé et choisi.
Le fondement de mon existence
Savoir que je suis porté par un amour créateur, fidèle et inébranlable change absolument tout. Savoir que je suis unique, irremplaçable et important aux yeux de Dieu donne sens à ma vie.
« Je t’ai appelé par ton nom » : je ne suis pas un numéro aux yeux de Dieu. Je suis précieux à ses yeux.
Si la foi chrétienne a une quelconque « utilité » ou un quelconque rôle à jouer c’est bien celui-ci : elle révèle le fondement ultime de mon être.
Pour le Dieu d’Alliance, car tel est celui de la Bible, je suis infiniment important et précieux :
« J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé; j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. » (Is 49,1)
« Oui, j’ai de la valeur aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma force. » (Is 49,5b)
« Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles? Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas. Car je t’ai gravé sur les paumes de mes mains. » (Is 49,15.16a)
« C’est pourquoi je vais la séduire, la conduire au désert et je parlerai à son cœur. » (Os 2,16)
Nous sommes portés par un Amour éternellement fidèle
De plus, quand dans l’Évangile on entend « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en lui j’ai mis tout mon amour » (Mt 3,13), cette phrase s’adresse également à moi.
En Jésus-Christ, Dieu révèle son amour unique et particulier pour chacun d’entre nous. La foi chrétienne consiste à découvrir dans ma vie cette parole qui m’est adressée.
Nous ne sommes rien tant que quelqu’un ne nous a pas aimés… or plus profond que l’amour de tout être humain, nous sommes portés par un Amour éternellement fidèle, antérieur à tout amour humain.
La prière véritable consiste en ceci : se mettre en face de ce Dieu pour qui je suis Tout et qui est Tout pour moi. Un Amour solide comme le roc, brûlant comme la braise, tendre comme la brise.
La prière véritable est rencontre : un cœur à cœur avec le Bien-Aimé qui est toute écoute, comme Jésus au puits de Sichar avec la samaritaine.
Plus qu’une adhésion à des vérités théologiques, la foi est une adhésion à la vie. Elle consiste à croire que la vie à un sens. Conçus par un Amour indéfectible nous tendons vers ce même Amour.
Car la vie c’est pour toujours : la nature entière crie que tout est mutation. Rien ne meurt… tout se transforme.
Le besoin de sens nous habite, au cœur même de nos désirs les plus profonds.
Un sens qui existe, un sens à chercher, un sens à faire
« Certains pensent que Dieu a pour eux un plan parfaitement clair qu’ils n’auraient qu’à exécuter. Ils s’imaginent que leur vocation est gravée quelque part dans le ciel sur des tables de pierre. Eh bien non, le détail de notre vie n’est pas décidé d’avance. C’est à chacun de nous de l’inventer à partir de l’existence brute reçue de Dieu. » (p. 105)
L’être humain n’est pas un simple exécutant.
Selon la perspective chrétienne, Dieu n’est pas un Tout-Puissant qui contrôlerait et déciderait tout. Nous sommes plutôt les collaborateurs de Dieu, créés à son image (Gn 1,27).
Dans le poème de la création, Dieu qui est à la source de l’être crée un monde « bon » (Gn 1).
Les découvertes scientifiques pour leur part nous apprennent l’existence d’un mounde en gestation, un monde qui n’a cessé de croître.
Le regard biblique et le regard scientifique sont deux regards qui se complètent admirablement.
Ce monde inachevé, ce monde à parfaire, est confié à ma responsabilité, à ma créativité, à ma dignité d’être humain :
« En confiant ce monde à ma responsabilité, Dieu ne me dit pas ce qu’il faut faire ni comment le faire. Il n’a pas de plan tout tracé. Il a un but dernier : construire la grande famille humaine dans l’amour. À partir de cette vision grandiose, il me demande d’inventer les moyens de l’accomplir. Cette histoire est celle du monde, que Dieu nous propose de créer avec lui, de compléter avec lui. » (p. 106-107)
Voilà qui est très étonnant quand on y pense : le « Créateur du ciel et de la terre » rêve de m’associer à son rêve d’un monde meilleur et que j’y apporte ma contribution. Le rêve de Dieu et le rêve de l’être humain se rejoignent.
Un monde plus beau à inventer. Dieu avec nous et nous avec Dieu. Dieu a besoin de moi : ainsi en est-il de l’Amour véritable.
Un monde à inventer et dont il faut prendre soin
À la question « qui puis-je faire? » ou « que dois-je faire? », inutile d’attendre du Ciel une réponse servie sur un plateau d’argent : je risque d’attendre bien longtemps… ce n’est pas la manière du Dieu d’Alliance qui m’a créé à son image. Dieu ne me traite pas comme un exécutant.
Inutile aussi de demander à un autre être humain ce que je devrais faire…
C’est à chacun de se demander quels sont ses dons, ses aspirations et ses compétences, et ce, face aux besoins que j’identifie autour de moi.
Je prends le temps de réfléchir. Je consulte au besoin. Je vois comment je peux combler ces besoins selon mes dons et mes aspirations. J’invente. Je crée.
Je suis animé du Souffle de Dieu : un Dieu dynamisant, inspirant et fondement de ma liberté créatrice.
Comme le dit Paul Tillich, Dieu est le fond de mon être. Je suis habité par l’infini de Dieu, par l’infini de l’Amour. Cette Présence qui m’habite est le roc de mon être.
Le fait de m’engager et de me sentir utile dynamise ma vie et lui donne sens. Peu importe mon âge, ma condition, mon éducation ou mon état de santé.
Comme le dit le Père Boulad, « avec ce que j’ai, avec ce que je suis, je peux faire des merveilles ».
J’ai une mission et un rôle à jouer. Dieu m’habite et me dynamise. Dieu a besoin de moi. Le monde qui m’est confié par Dieu a besoin de moi. Je suis nécessaire. Sans moi, quelque chose de fondamental ne passerait pas dans ce monde.
L’art de transformer les obstacles en moyens
Quand on a un idéal, quand on veut apporter une contribution, inévitablement viennent les obstacles.
Cependant, les obstacles peuvent devenir moyens : ce qui nous limite nous force à grandir et à nous dépasser.
« Vivre avec… », « en dépit de… » : la vie étant un triomphe continuel.
Étonnamment, même la souffrance peut devenir « moyen » : pensons par exemple à la spiritualité de l’offertoire de Thérèse de Lisieux.
Il faut donc se délivrer de la mentalité de « si je pouvais… », « si j’étais… », « si j’avais… ». Si l’on attend d’être prêt à 100% avant d’agir, on ne fera jamais rien. Il faut savoir faire confiance, se lancer et se libérer d’une mentalité de défaitisme.
La Bible foisonne de « petites gens » qui avec d’humbles moyens ont fait des merveilles.
Plus qu’une question de moyens, l’engagement est une question d’aspiration et d’inspiration.
Savoir oser… avec l’aide de Dieu qui nous accompagne toujours.
Ne jamais abandonner ou baisser les bras, car Dieu est avec nous. Dieu est à la source de notre volonté de vivre.
La vie est défi. La vie est passionnante.
Se fixer un but, un idéal à atteindre
Si la vie a un sens, c’est que nous sommes habités par ce désir viscéral de sens.
Voilà pourquoi il importe de se fixer un grand idéal à atteindre.
Comme le dit le Père Boulad : « ce n’est pas le chemin qui est impossible, c’est l’impossible qui est le chemin. »
Un « impossible » qui donne goût et saveur à la vie. Un défi qui rend notre existence passionnante.
C’est par l’engagement que le sens à notre vie apparaît. Nous créons le sens par le don de nous-mêmes, par notre contribution, dans l’âme que nous mettons dans ce que nous faisons.
Chercher à vivre au niveau du centre de son être, au niveau de son cœur profond, là où Dieu habite.
Et le bonheur dans tout cela?
Étonnamment, le bonheur n’est pas à chercher pour lui-même.
Les Béatitudes (« Heureux… ») nous mettent sur la piste : le bonheur est la conséquence d’une vie vécue à plein. La joie profonde de vivre quelque chose.
Le bonheur est quelque de donné par surcroît. Il est l’écho du sens dans notre être.
La joie de donner son plein et d’apporter sa contribution à la construction d’un monde meilleur.
Savoir dire « oui » à la vie, à ceux qui me demandent de les aider. La liberté du « oui ». La liberté du « don de soi ».