Si on partait du Dieu intérieur…
Cet article est tiré du site Catéchèse / Ressources. Les citations sont tirées de l’ouvrage « Pour toi, Qui suis-je » de Maurice Zundel, Textes inédits présentés par Paul Debains, Collection « Trésors de la spiritualité chrétienne », Éditions du Jubilé, Le Sarment, 2003, 315 p. Les titres et sous-titres sont du Service catéchétique viatorien.
Dans le récit de « Jésus et la femme de Samarie » (Jn 4,1-30), Maurice Zundel fait remarquer que Jésus détourne la Samaritaine de voir en Dieu quelqu’un d’extérieur à elle-même qu’elle pourrait loger dans un temple sur une montagne.
Il essaie au contraire de l’amener à la découverte du Dieu intérieur dont elle est le sanctuaire. (p. 111)
Le Dieu dont parle Jésus à la Samaritaine n’est ni abstrait ni lointain.
Bien au contraire, il est tellement présent et intime à nous-mêmes qu’Il est l’unique chemin (passage ou pâques) vers la plénitude de notre humanité. (p. 111)
Le Ciel est au-dedans de nous
Aux yeux de Jésus, le vrai Dieu est donc déjà présent au monde : il ne loge pas derrière les étoiles. C’est le Dieu-Emmanuel (« Dieu avec nous »). (p. 160)
Et ce que nous appelons « Ciel » est précisément le rayonnement du Dieu-Amour au plus intime de notre être. (p. 160)
Pour Maurice Zundel, la révélation du « Dieu intérieur » jette un éclairage tout particulier sur ce que nous appelons communément le « mystère de l’incarnation ».
Pour lui, l’incarnation est loin d’être un événement rarissime : il est plutôt le mode normal où Dieu se révèle dans l’humanité. (p. 180)
Comme le disait Saint Paul, « Ne le savez-vous pas? Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint, lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu » (1 Co 6,19)
Puisque le Ciel est au-dedans de nous, Dieu est appelé à être une Présence qui transparaît dans l’être humain.
En Jésus, l’incarnation atteint son point culminant. (p. 180)
Le « mystère de l’incarnation » nous concerne tous
Dieu n’est pas un être lointain. Comme l’affirme Maurice Zundel, nous avons à faire l’expérience de Dieu tous les jours : l’expérience du Dieu intérieur qui est toujours déjà là. (p. 111)
Car c’est en Lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être. (Ac 17,28)
« Dieu est beau en ses saints » dit l’adage. La transparence de Dieu est précisément le signe par excellence des saintes personnes. (p. 180)
Le « mystère de l’incarnation » nous concerne donc tous : le Dieu intérieur est Celui que Jésus-Christ révèle.
Un Dieu que nous sommes appelés à adorer en esprit et en vérité comme le dit l’Évangile de Jean, précisément parce nous appartenons à cet univers de l’esprit au cœur de notre être.
Dieu qui est Esprit est toujours déjà là comme Jésus l’a dit à la samaritaine : Il est en toi comme une source jaillissante en vie éternelle. (p. 160)
Jésus et la Samaritaine (Jn 4,1-30)
Les pharisiens avaient entendu dire que Jésus faisait plus de disciples que Jean et qu’il en baptisait davantage. Jésus lui-même en eut connaissance.
– À vrai dire, ce n’était pas Jésus en personne qui baptisait, mais ses disciples.
Dès lors, il quitta la Judée pour retourner en Galilée.
Or, il lui fallait traverser la Samarie.
Il arrive donc à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph.
Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi.
Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. »
– En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions.
La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? »
– En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains.
Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ?
Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? »
Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »
La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. »
Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. »
La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari; là, tu dis vrai. »
La femme lui dit : « Seigneur, je vois que tu es un prophète !…
Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. »
Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père.
Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.
Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. »
La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. »
Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. »
À ce moment-là, ses disciples arrivèrent; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »
La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens :
« Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? »
Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui.