La maîtrise de soi : fruit de l’été et de la vie

Nous voilà rendus au terme de la cueillette des fruits de l’Esprit. Pour ce dernier bulletin avant l’été, partons à la conquête du fruit de la maîtrise de soi.

Un fruit difficile à cueillir

Cailloux superposésCueillir le fruit de la maîtrise de soi fait appel à un travail exigeant, de longue haleine. C’est un fruit qui ne se laisse pas atteindre sans effort constant sur soi-même, sans une discipline de tous les instants.

Dans la Bible, cette vertu est souvent liée à la sagesse, l’intelligence et la capacité de dominer nos passions.

Le livre des proverbes qualifie de sot celui qui ne se maîtrise pas et de sage, celui qui retient et calme ses passions donne libre cours à tous ses emportements, mais le sage, en les réprimant, les calme.

« Le sot donne libre cours à tous ses emportements, mais le sage, en les réprimant, les calme ». Pr 29,11

Un travail d’athlète…

On ne devient pas maître de soi par magie. L’image qui me vient est celle de ces athlètes qui se préparent longuement à une course. Un olympien n’est pas une génération spontanée. Le monde serait rempli d’Ursain Bolt.

L’athlète pratique progressivement et se donne des cibles à atteindre. Il se met au travail et montre beaucoup de détermination, de rigueur au travail et un entraînement soutenu et suivi. Ainsi en va-t-il de la quête de la maîtrise de soi.

Saint Paul, dans ses lettres perçoit la maîtrise de soi sous l’angle de la tempérance, de la modération et l’évitement des excès de tout genre.

«  … sentiments d’envie, orgies, ripailles et choses semblables – et je vous préviens, comme je l’ai déjà fait, que ceux qui commettent ces fautes-là n’hériteront pas du Royaume de Dieu. » Ga 5,21.
« Tout m’est permis, mais tout n’est pas profitable. Tout m’est permis, mais je ne me laisserai, moi, dominer par rien. » 1 Cor 6,12.

Le travail de toute une vie

La maîtrise de soi ne se réduit pas aux seuls exemples de tempérance mentionnés plus haut. Elle est plus englobante et engage tout notre être. Elle est le travail de toute une vie. Elle confère la capacité de sublimer et d’aller au-delà de soi-même. La vraie maîtrise de soi embrasse à la fois notre esprit, notre âme et notre corps.

La maîtrise de notre esprit

Contrôler nos pensées n’est pas une opération facile à conduire. Notre esprit est envahi par mille et une idées bonnes ou mauvaises, pures ou impures et est souvent enclin à vagabonder en empruntant des lieux qui ne sont pas toujours recommandables.

Les péchés de la pensée dont nous nous accusons dans le confiteor s’enracinent dans le libre-cours que nous donnons à notre imagination. Leur lieu d’éclosion est souvent un vide causé par l’oisiveté, la paresse ou une fixation indue.

Saint Paul exhorte les Philippiens à maîtriser leurs pensées en s’imprégnant de tout ce qui est juste, pur, aimable, tout ce qui mérite l’approbation, qui est vertueux et digne de louange :

« Enfin, frères, tout ce qu’il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, d’aimable, d’honorable, tout ce qu’il peut y avoir de bon dans la vertu et la louange humaines, voilà ce qui doit vous préoccuper. » Ph 4,8.

Pour y arriver, il les invite à recourir à la prière et aux actions de grâces :

« N’entretenez aucun souci; mais en tout besoin recourez à l’oraison et à la prière, pénétrées d’action de grâces, pour présenter vos requêtes à Dieu. Alors la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, prendra sous sa garde vos cœurs et vos pensées, dans le Christ Jésus.» Ph 4,6-7.

La maîtrise de notre âme

L’âme est l’endroit d’où émergent nos sentiments, nos désirs, nos émotions, etc. Ces attitudes sont colorées par tout ce qui nous habite profondément. On constate que dans la vie, les humains possèdent toutes les qualités et leurs contraires. C’est pourquoi on dit souvent que l’être humain est capable du meilleur comme du pire.

Dans un environnement donné, l’extraverti côtoie l’effacé; des personnes explosives cheminent à côté d’autres, tout à fait passives; des expéditifs transigent avec des procrastinateurs, etc. La maîtrise de l’âme se traduit par la modération de nos sentiments de manière à ne jamais sombrer dans des débordements émotifs extrêmes. L’excès nuit en tout, dit-on.

Saint Jacques nous donne la clé de la maîtrise de notre âme :

« Car, où il y a jalousie et chicane, il y a désordre et toutes sortes de mauvaises actions, tandis que la sagesse d’en haut est tout d’abord pure, puis pacifique, indulgente, bienveillante, pleine de pitié et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie. Un fruit de justice est semé dans la paix pour ceux qui produisent la paix. » Jc 3,16-18.

La maîtrise de notre corps

Il serait long de passer en revue nos différents organes sensoriels et mesurer leur impact sur nos comportements et nos manières de vivre. Notre corps demeure la partie la plus vulnérable et la plus menacée de notre être. Il doit répondre à des assauts répétés perpétrés par des agents extérieurs.

Ce n’est pas pour rien que saint Paul écrit :

« Je meurtris mon corps au contraire et le traîne en esclavage, de peur qu’après avoir servi de héraut pour les autres, je ne sois moi-même disqualifié. » 1 Cor 9,27.

Nous connaissons bien l’importance de chacun de nos sens. S’ils sont des portes ouvertes sur la vie et utiles à notre bien-être complet, il n’en demeure pas moins qu’ils donnent aussi accès à de nombreux excès et dérives.

Des images de toutes sortes nous envahissent (la vue); nos oreilles sont assiégées par des discours, des paroles et de la musique de tendances variées (l’ouïe); les excès du manger et du boire nous guettent sans cesse (le goût); le besoin de contact et d’affection fait partie de notre quotidien (le toucher); des odeurs peuvent nous enivrer et nous déconnecter de la réalité (l’odorat).

Seule une vraie connivence avec le Christ peut nous permettre d’acquérir et d’entretenir la maîtrise de nous-mêmes. Le salut que le Christ apporte rejoint tout notre être. Dieu ne nous aime pas au rabais. Demeurer dans le Christ est le chemin de la victoire sur nous-mêmes.

« Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut de lui-même porter du fruit s’il ne demeure pas sur la vigne, ainsi vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Je suis la vigne; vous, les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit; car hors de moi vous ne pouvez rien faire.» Jn 15,4-5.

Notre chemin de maîtrise de soi

Souvent dans nos communautés, nous confrontons le défi de la maîtrise de la langue. Regardons autour de nous : les plus grands ravages et les plus grandes divisions entre frères et sœurs sont occasionnés par une utilisation inappropriée de notre langue. La maîtrise de nos paroles, le filtre de nos interventions, voilà ce qui peut guérir bien des maux de notre communauté.

Vous connaissez sans doute le test des trois passoires attribué à Socrate, grand philosophe de la Grèce antique. Ce que nous exprimons doit toujours obéir à trois critères (trois passoires) : le critère de la vérité (est-ce vrai ce que je vais dire?), le critère de la bonté (est-ce pour le bien ce que je vais raconter?), le critère de l’utilité (ce que je vais dire servira-t-il à quelque chose d’utile?).

Viateurs, entrons dans ce combat de la maîtrise de nous-mêmes et marchons ensemble à la suite de notre Maître Jésus!

Que chacun des neuf fruits de l’Esprit continue de nourrir notre vie !

Source :
Bulletin d’information no 196 (PDF).

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