La bienveillance : fruit de l’Esprit

Bonté et bienveillance : les mêmes traits

Parler de bienveillance nous situe dans le même registre du mois dernier où nous avons présenté la bonté comme qualité fondamentale de Dieu.

Ciel (image de Dieu) bienveillantBonté et bienveillance puisent à la même source et traduisent une même réalité de Dieu.

Certains auteurs décrivent la bienveillance comme étant le bras agissant de la bonté. L’une implique l’autre. L’une soutient l’autre.

Dans la Bible, la bienveillance de Dieu se manifeste dans ce qu’Il réalise pour nous les humains. Dieu prend plaisir à nous faire du bien (Jr 32,41). Il n’est mû que par cette volonté du bien de l’être humain (bienveuillant : vouloir du bien. « Veuillant » étant l’ancien participe présent de vouloir)

La bienveillance de Dieu est inconditionnelle

Nous avons tous bénéficié, à un moment ou à un autre, d’une action bienveillante qui nous a apporté beaucoup de bonheur et de joie. Le fruit de la bienveillance n’est toujours qu’agréable et encourageant. À la fois sont enrichies la personne qui en est l’objet et celle qui fait montre de cette qualité du cœur.

Quand nous pensons à la bienveillance de Dieu, nous nous éloignons nécessairement de l’image d’un Dieu qui guette nos faux-pas pour nous punir ou qui nous entretient constamment dans une culpabilité et un sentiment de damnation irrémédiables. L’essence divine est marquée par son désir que tous les humains soient heureux et qu’ils vivent joyeux.

Durant la nuit pascale, revient la fameuse phrase d’Innocent III : « Heureuse faute (Felix culpa) qui nous a valu un tel Rédempteur ». Cette affirmation est remise en question puisqu’elle paraît à contre-courant de l’essence divine. La nature de Dieu n’est pas déterminée par le péché humain. De toute éternité, Dieu ne veut que notre bien.

Jésus : modèle de bienveillance

Dans l’Évangile, on voit l’attitude de Jésus qui coupe radicalement court avec certaines pratiques et certains enseignements en vigueur dans son entourage.

Plusieurs événements montrent la portée du regard de Jésus, la dimension « bienveillante » de ses paroles et de ses gestes. Nous n’avons qu’à relire l’histoire de la Samaritaine (Jn 4,5-42), l’histoire de Zachée (Lc 19,1-10), de la femme adultère (Jn 8,1-11), la conversion de Paul (Ac 9,3-19) etc. pour apprécier la profondeur du regard de Jésus.

Dans chacune de ces histoires personnelles, il intervient non pas sur les fautes passées mais sur l’ouverture d’un avenir de miséricorde. Avec Jésus, des pages toujours nouvelles s’écrivent en lettres d’amour et de bienveillance.

Oser la bienveillance

Dans son ouvrage « Oser la bienveillance »1, la théologienne Lytta Basset montre combien Jésus est en rupture avec le « pessimisme radical » qui marque encore la vision de plusieurs personnes à l’intérieur de l’Église.

Un pessimisme qui efface toute indulgence et ne s’attarde qu’au « péché », qu’à la laideur humaine plutôt qu’à la grâce et à la beauté.

“… (Ce) pessimisme radical (est) totalement étranger à l’Évangile : tout au contraire, les gestes et paroles de Jésus nous appellent à développer un autre regard sur l’être humain, fondé sur la certitude que nous sommes bénis dès le départ, et le resterons toujours.”

La bienveillance divine réhabilite, restaure et transforme les humains. Elle ne s’attache pas au passé mais regarde l’avenir avec optimisme sachant que l’être humain est « capax Dei » (capable de Dieu) selon l’expression de Saint-Augustin. En chacun et chacune de nous habite ce désir d’infini, ce désir de Dieu.

Que toute notre vie s’en inspire !
Efforçons-nous d’être « bienveillants » comme Lui !

Source :
Bulletin d’information no 193 (PDF).

  1. Basset, L., Oser la bienveillance, Éd. Albin Michel, Paris, 2014, 432 p.

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