Déconfinons notre cœur !

Confinement,  déconfinement, reconfinement !

Le coronavirus aura changé à jamais la face de notre monde en touchant toutes les sphères de la vie : politique, économique, sociale, culturelle, religieuse…

Obligés d’envisager un déconfinement plutôt rapide pour des raisons économiques, les pays sont maintenant confrontés à la possibilité d’une nouvelle vague de la pandémie.

On invite les populations à ne pas baisser la garde. Aux États-Unis, le bilan ne cesse de s’alourdir.

Certains pays ont dû revoir leur processus de déconfinement.  La bataille n’est pas gagnée.

Dans la province canadienne, nous n’avons jusqu’ici pas déploré de décès à cause de la COVID-19. Nous en rendons grâce à Dieu.

Porte du cœurMaintenant que vient le déconfinement, au Canada, une fébrilité s’empare de plusieurs confrères d’autant plus que les dernières semaines ont été pénibles pour tout le monde.

On sent le besoin d’une bonne bouffée d’air frais. Comme dit la publicité, pendant le confinement nous avions tendance à tout garder en dedans.

Nous devons toutefois demeurer responsables. Chacun doit se dire : « Ce n’est pas par mon intermédiaire que la COVID-19 fera son entrée dans ma communauté locale ».

Dans ce contexte particulier, le temps des vacances est arrivé. La reprise d’une vie normale où nous pouvons nous adonner à des activités qui nous sortent totalement du cadre du confinement doit encore attendre.

C’est là que nous devons nous interroger sur la façon dont nous pouvons rester sur nos deux pieds et continuer à nous donner « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ».

Notre Frère François a toujours les mots pour nous recadrer. Lors de la célébration de la fête de la Pentecôte cette année, sa réflexion sur les dons de l’Esprit est inspirante :

« Regardons-nous du dedans et demandons-nous, qu’est-ce qui nous empêche de nous donner. Il existe, disons, trois ennemis du don, les principaux : trois, tapis toujours à la porte de notre cœur : le narcissisme, le fait de se poser en victime et le pessimisme.

Le narcissisme fait s’idolâtrer soi-même, il fait se complaire seulement de ses propres intérêts. Le narcissique pense : “La vie est belle si j’y gagne”.  Et ainsi il arrive même à dire : “Pourquoi devrais-je me donner aux autres?”. Dans cette pandémie, combien fait mal le narcissisme, le fait de se replier sur ses besoins, indifférent à ceux d’autrui, le fait de ne pas admettre ses propres fragilités et ses propres erreurs.

Mais aussi le second ennemi, le fait de se poser en victime, est dangereux. Celui qui se prend pour une victime se plaint tous les jours de son prochain : “Personne ne me comprend, personne ne m’aide, personne ne m’aime, tous sont contre moi!”. Que de fois avons-nous entendu ces lamentations! Et son cœur se ferme, pendant qu’il se demande:  “Pourquoi les autres ne se donnent-ils pas à moi?”. Dans le drame que nous vivons, comme il est mauvais de se poser en victime! Penser que personne ne nous comprend et ne ressent ce que nous ressentons. Ceci est le fait de se poser en victime.

Enfin il y a le pessimisme. Ici la litanie quotidienne est : “Rien ne va bien, la société, la politique, l’Église…”.  Le pessimiste s’en prend au monde, mais il reste inerte et pense : “De toute façon à quoi sert-il de donner? C’est inutile”. Actuellement, dans le grand effort de recommencer, combien le pessimisme est nocif… le fait de répéter que rien ne sera plus comme avant! En pensant ainsi, ce qui sûrement ne revient pas c’est l’espérance. »

CœurPour sortir du narcissisme, de la victimisation ou du pessimisme, il nous faut déconfiner notre cœur pour le laisser respirer l’air de l’amour, de la tendresse et du par-don (un don par-dessus les blessures, les souffrances et la haine).

C’est ce que je nous souhaite en ces temps difficiles.

Bon été !

Nestor Fils-Aimé, CSV
Supérieur provincial

Source :
Bulletin d’information – Juillet 2020 – No 228 (PDF)

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