Au bout du désert il y a encore la vie!
Quand Moïse, à la demande de Dieu (Exode 3, 3-10), entreprend ce long exode à travers le désert du Sinaï, il ne part pas en croisière. Il fuit avec son peuple l’oppression de la dictature du pharaon d’Égypte.
Soutenu par ce Dieu, père de tendresse, il a confiance que la vie sera au rendez-vous. Mais voilà, la marche est longue, la transformation des visées du peuple est difficile. On quitte un lieu de destruction, mais on peine à créer un lieu de libération et de vie nouvelle.
Malheureusement, aujourd’hui encore, il y a trop d’humains qui prennent la route pour quitter des situations qui atteignent et brisent la dignité humaine. Pensons aux millions de déplacés internes au Burkina Faso, aux centaines de milliers d’Haïtiens qui fuient la capitale, à tous ces hommes et femmes qui quittent des zones de guerre, de famine, de manque d’eau dû au réchauffement climatique. Il faut suivre le parcours de ces gens traversant la Méditerranée ou les deux Amériques dans des conditions inacceptables, sans parler des exploiteurs qui en abusent tout au long du parcours.
« C’est à tous les hommes et à toutes les femmes du monde que s’adresse mon appel à marcher ensemble vers un nous toujours plus grand, à recomposer la famille humaine, pour construire ensemble notre avenir de justice et de paix, en veillant à ce que personne ne reste exclu. L’avenir de nos sociétés est un avenir ‘en couleurs’, enrichi par la diversité et les relations interculturelles. C’est pourquoi nous devons apprendre aujourd’hui à vivre ensemble en harmonie et dans la paix. » (Pape François, message pour la journée mondiale du migrant et du réfugié, 26 septembre 2021).
Et nous aussi, nous avons vécu bien des exodes (et nous en vivrons encore) au long de notre histoire en terre canadienne et ailleurs dans le monde. Il serait trop long d’énumérer la liste des lieux où nous sommes allés, ceux que nous avons quittés avec le sentiment du devoir accompli et ceux que nous avons quittés par la force des choses. Encore aujourd’hui, on entend dire que c’est la fin de l’expérience viatorienne au Canada et qu’elle se continuera ailleurs dans le monde.
N’est-ce pas là ne pas savoir entrer dans le message d’espérance du Christ ? Sa résurrection est à nos portes. Et que fait Dieu, il relève son Fils, son bien-aimé. Il nous remet debout nous aussi.
Comme Moïse au désert, il nous a fallu apprendre à voyager avec peu de bagages pour nous rendre au bout de la route. C’est bien ainsi. Mais aussi, le peuple est devenu non pas un amalgame de « je » qui défendent leurs intérêts personnels, mais un « nous » qui osait une manière autre de vivre, dans le respect et l’originalité de chacun.
Je nous souhaite que le matin de Pâques soit l’occasion de nous redire que demain sera encore beau, car nous aurons choisi de vivre pleinement chaque instant que la vie nous offre. Nous le ferons différemment du passé ! Moins triomphalement, mais avec autant de pertinence.
Continuons à nous dépouiller pour faire place dans nos vies aux autres et à Dieu ! Soyons personnellement et dans toutes nos communautés des lieux d’accueil dans la joie ! Ouvrons nos portes pour que le vent de l’Esprit puisse encore souffler et nous amener à oser la vie dans des gestes simples, dans des temps de prière en communion avec nos sœurs et frères, dans un approfondissement de la parole de Dieu, source de créativité infinie. Même si nos pas sont plus lents, nous demeurons à la suite d’Abraham, de Moïse, de Jésus, de Paul un peuple de nomades qui ne peut s’installer définitivement dans des certitudes.
Oui, confiance ! La vie est toujours au rendez-vous de la vie ! N’éteignons pas les petites flammes de résurrection autour de nous !
Jean-Marc St-Jacques, CSV
Supérieur provincial
Source :
Bulletin d’information – Mars 2024 – No 257 (PDF)