Entrer au cimetière …
Dès les premiers pas dans la droite allée du cimetière, je me sens bien accueilli et protégé par les bras caressant des feuillus de la montagne de Rigaud. Un pas de plus et me voilà happé, comme par magie, dans un autre monde.
Avançant peu à peu vers les premières pierres tombales, la quiétude du lieu m’invite à faire silence. Heureusement la peur de mon enfance, celle des revenants et des loups-garous, est effacée. Et par grâce, je ne suis pas abîmé dans une crainte religieuse et superstitieuse de l’au-delà.
Dans ce jardin de la paix, sur plus de cinq cents petits monuments, tous semblables et bien alignés, sont inscrits les noms de personnes connues et aimées : mes anciens professeurs et collègues. Ce sont les miens, mes frères.
Ils m’ont permis de grandir comme religieux et éducateur dans la mission qui est nôtre. La beauté de ce lieu de repos dit et chante notre gratitude. Quel beau moment d’intériorité m’est alors donné!
À la visite annuelle au cimetière à Joliette comme à Rigaud, nous sommes nombreux à cheminer au Calvaire afin de déposer au pied de la croix nos deuils, nos actions de grâce et des demandes à Dieu et à ces frères passés sur l’autre rive.
Ensuite un temps près de certaines tombes permet des confidences, des mercis, des pardons et peut-être des pleurs. Puis est venue l’heure favorable à des rencontres avec des visiteurs et des confrères autour de la nappe blanche, tous bien conscients : la vie nous ramènera bientôt chacun chez soi.
Et la lumière s’amenuisera à la fin du jour pour resurgir au matin. Puissent les nouveaux jours prochains nous permettre de vivre dans la joie l’appel de notre frère Nestor : « Sur les pas du P. Querbes, Viateurs, levons-nous et marchons vers l’avenir. »
Ludger Mageau, CSV
4 septembre 2017
Source :
Bulletin d’information – Octobre 2017 – No 206 (PDF).