Haïti : une terre où les défis et les attentes sont grands; où l’on retrouve des confrères qui ont du cœur au ventre.
Au sortir de la neige et du froid, me voilà au rendez-vous d’un soleil qui me fait sentir une présence chaleureuse.
À mon arrivée, je suis attendu. Tout avait été planifié par Nestor accompagné de sa garde personnelle. Agentes de l’immigration, responsables de la fondation, tout y est pour que je franchisse rapidement les barrières de l’aéroport.
On aurait dit la limousine diplomatique qui s’engage dans les rues de Port-au-Prince conduite par le P. Duchelande.
À bord de la voiture, il faut être vigilant, car tout le monde essaie de passer, mais notre chauffeur a le pied solide tout en étant attentif à ce qui se présente devant lui.
Le P. Wilford Douze, le P. Jean-Yves Médidor sont là avec les postulants pour nous accueillir. Une présence se pointe, non la moindre, c’est le P. Robert Jean qui fait son apparition. Et voilà! On se sent déjà chez soi.
Après un bon temps d’accueil, de repos, il faut penser au travail. C’est-à-dire la préparation de l’assemblée d’élection qui se vivra chez les Salésiens. Lieu : Carrefour Fleuriot où l’on voit arriver à la fin du vendredi après-midi des confrères venant de tous horizons. Chacun prend possession de sa chambre et s’amène au rassemblement pour un temps d’intériorité ouvrant cette session d’élection.
À la suite du mot de bienvenue du P. Nestor, j’invite alors les confrères à accueillir l’invitation du Seigneur : « se faire témoin en son milieu de vie. » « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres, que tous vous reconnaîtront pour mes disciples. » (Jn 13,34b)
À l’étape suivante, je présente certaines caractéristiques d’une communauté véritable à partir d’éléments puisés dans des retraites que j’ai vécues antérieurement avec l’abbé Gilles Dupré (fondateur d’une réalité nouvelle appelée : « Ressourcement Alliance »).
Puis le repas du soir suit. C’est l’heure de se retrouver pour faire connaissance. Au coup de vingt heures, les confrères sont regroupés en équipe pour partager les défis rencontrés en cette terre d’Haïti. Dans un second partage, les participants sont également invités à exprimer leurs attentes face au nouveau conseil qui sera élu le lendemain. Tout se vit dans un climat de franchise et d’ouverture. Une fois la plénière terminée, un travail personnel de discernement s’exécute dans un climat de silence. Enfin, pour clôturer cette journée, un chant à Marie s’élève à plusieurs voix : « Salve Regina »,
La nuit s’achève au son des derniers chants des coqs et jappements de chiens témoignant d’un pays en éveil. Le déjeuner terminé, on se retrouve de nouveau à la chapelle. C’est à mon tour d’amorcer une nouvelle réflexion en trois volets.
« Quels enracinements » sont susceptibles de favoriser la fidélité de l’assemblée à l’appel d’une vie consacrée à la vocation viatorienne? Parole de Dieu, mission énoncée dans la constitution, liens avec le fondateur Louis Querbes, son patron Saint-Viateur, sa protectrice Marie, telles sont nos racines profondes. L’expérience nous plonge dans le feu de l’Esprit.
Finalement, dans la salle d’élection, après avoir donné des informations sur la vie de la province, le provincial de la communauté, le P. Nestor Fils-Aimé, invite les confrères à voter. Au dépouillement des votes, le P. Dudley Pierre, est élu supérieur de la fondation ainsi que deux nouveaux conseillers : le P. Éric Cothière et le P. Pierre Jeanin Gaëtan.
Un beau moment de remerciements nous attend à la chapelle. C’est le temps de rendre grâce au son des battements du tam-tam (en Haïti, on dit tambour) qui soutient nos prières de contentement. Dans cette atmosphère enlevante amorcée par le P. Robert Jean, on est à même d’apprécier le talent et l’habileté du frère Evens Pierre-Antoine derrière son instrument. Oui, c’est jour de fête qui se poursuit dans les bulles de joie du champagne qui nous attend et des chants de festivités.
L’après-midi même, prenant connaissance des défis et attentes exprimés par la communauté, le responsable de la fondation et les conseillers élus se retrouvent en réunion pour compléter le conseil. Un nouveau départ s’annonce. Un des buts de notre voyage est réalisé. Le P. Nestor et moi, demeurons dans l’espérance de prochaines rencontres personnelles et collectives aussi fructueuses.
Mais que nous aura appris ce voyage? Que la fraternité nous appelle à une présence active et bienveillante qui érige des ponts entre les individus et favorise la communication et l’unité. En deux mots : FRATERNITÉ et SOLIDARITÉ. « OSER LA CONFIANCE ! » semble la clé du succès.
Partout où je suis passé, à Cazeau, à la résidence Querbes de Port-au-Prince, à la villa Manrèse, à la communauté Sainte-Marie et dans tous les lieux communautaires visités, j’ai bien senti la détermination des gens à porter l’avenir de la communauté en ce pays. Ainsi Nestor et moi quittons également dans la confiance, accompagnés de l’enfant prodigue qui rentre au pays, j’ai nommé le Père Robert Jean.
Je m’en voudrais de terminer cet article sans remercier chaleureusement tous les confrères d’Haïti pour leur accueil et surtout l’ouverture manifestée durant ce temps d’intériorité que nous avons vécu ensemble. « Merci anpil! ». Ici, j’adresse un remerciement particulier au P. Wilford, au P. Jean-Yves, et aux trois postulants : Valéry, Schweiger et Edwily pour leur amitié.
Merci également au Père Nestor de m’avoir introduit à un peuple qu’il aime et respecte. Il m’aura, tout au long de notre visite, facilité les échanges et les liens avec eux.
Gérard Bernatchez, c.s.v.
Assistant-provincial.
Source :
Bulletin d’information – Mars 2019 – No 219 (PDF).