Hommage – Funérailles du Frère Wellie Gagnon, c.s.v.
Homélie
Il me semble que les deux lectures qu’on vient d’entendre nous révèlent bien la beauté de ce confrère qui nous quitte à 90 ans, toujours prêt, toujours fidèle, encore en tenue de service, disponible et souriant jusqu’à la fin, jusqu’au bout. Un homme de confiance et de vérité qui ne savait pas tromper et qui en Dieu aimait ses frères et en ses frères reconnaissait le visage de Dieu.
Homme de charité et de dévouement, homme d’intériorité et de prière qui savait rire aux éclats et se recueillir en silence pour remercier celui qui un jour lui a parlé dans son cœur et lui a dit : « Si tu veux, viens, suis-moi ».
Il y a si longtemps que cette histoire a commencé… et à 21 ans il a répondu oui pour toujours et à jamais! 30 ans d’enseignement, 30 ans de services communautaires dans tous les domaines, de Joliette à Roberval, de Baie-Comeau à Rivière-au-Renard en Gaspésie. Il ne faut pas oublier ses 10 belles années en Haïti dont il gardera le plus beau et le plus grand de ses souvenirs.
Refuser d’aimer, c’est mourir, aimer c’est vivre passionnément. Il a choisi le chemin de l’amour qui lui était proposé en toute simplicité, en toute humilité. Il avait appris à faire des choses ordinaires avec un amour extraordinaire. Connaître Dieu ce n’est pas se creuser la tête parce que Dieu naît de notre cœur au cœur de notre travail quotidien.
Pour employer l’expression du Pape François, le frère Gagnon était un ouvrier de la louange. Il savait féliciter, encourager, et reconnaître ce que les autres faisaient de bien. En lui pas un brin de mesquinerie, tout était inspiré par la générosité. Il voyait toujours le bon côté des choses…
Bon pédagogue, toujours à l’heure, il s’émerveillait devant les réactions de sa marmaille qui l’écoutait attentivement. Il apprenait aux jeunes à s’émerveiller avec lui. La variété des fleurs et des oiseaux les plus rares ouvrait son cœur à la beauté de Dieu. Que tes œuvres sont belles, que tes œuvres sont grandes Seigneur! Qui donc es-tu pour nous aimer ainsi?
Il chantait la gloire de Dieu et contemplait son visage qui se reflétait dans la nature. Wellie était un jardinier de la beauté de Dieu. Dieu lui a fait le don de l’émerveillement. Ouvre mes yeux Seigneur aux merveilles de ton amour!
Le premier septembre, il me fait signe en souriant discrètement. Il me dit à l’oreille : aujourd’hui, c’est l’anniversaire de la mort du Père Querbes. Frères et sœurs, vous connaissez le Père Querbes, c’est le fondateur de notre congrégation. Tiens, me dit-il, j’ai été chercher des fleurs. Je sentais dans mon cœur qu’il me fallait faire quelque chose de spécial aujourd’hui pour lui rendre hommage.
Un geste simple, à son image qui révèle bien la beauté et la bonté de son cœur. C’était bien Wellie, un geste discret qui malgré tout lui permettait de prendre toute sa place, mais toujours discrètement comme le matin à la messe, de sa voix forte, il soutenait la voix des chanteurs fragiles que nous étions pour la plupart.
Rien de bien compliqué pour lui, c’était toujours la règle du bon sens qui tranchait avec douceur la question! Le Seigneur a trouvé Wellie en tenue de service près de ses plates-bandes émerveillé devant ses rosiers et ses géraniums.
Wellie a appris que le plus beau livre de prières que Dieu a mis entre ses mains c’était bel et bien l’histoire de sa vie. Quel bonheur que de faire en présence de Dieu le tour de son jardin secret avec reconnaissance, de rendre gloire à celui qui tous les jours embellit notre quotidien et de s’entendre dire : tu as du prix à mes yeux et je t’aime!
On l’a vue de jour en jour, à petits pas nous quitter à Rigaud. L’heure de la rencontre approchait, mais l’heure de Dieu surprend toujours
Mes enfants, nous dit Dieu, nous devons nous aimer tous les jours les uns les autres, non pas par des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité. Si votre cœur vous fait des reproches, vous accuse, Dieu est encore plus grand que votre cœur et il connaît toutes choses, il sait déjà le poids de votre amour.
Wellie savait déjà tout ça et se préparait depuis longtemps parce que « la foi pour lui était l’engagement de notre vie éternelle dans ce que nous vivons au jour le jour.
Wellie, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton maître. Il nous a quittés debout, sans se plaindre, en souriant comme il avait vécu en nous rendant service. Vivre en côtoyant des témoins comme le frère Gagnon nous permet encore d’espérer en tout ce que la foi nous promet, en tout ce que l’amour nous révèle, en tout ce que la vie fraternelle nous dispose à célébrer.
P. René Pageau, c.s.v.