Pierre Liauthaud, maître des novices
Source :
Courrier Querbes – Printemps 2012 – VII,3 (PDF).
Dès les premiers contacts avec Pierre Liauthaud, le P. Querbes savait qu’il pouvait lui faire confiance et cela s’accrut avec le temps. En 1838, le P. Querbes obtenait l’approbation de son œuvre par le pape Grégoire XVI. Il fallait établir un noviciat conformément aux statuts approuvés par le Saint-Siège.
Le P. Querbes choisit le F. Liauthaud pour occuper cette fonction très importante dans l’établissement d’une congrégation religieuse.
Connaître le chemin…
Le futur maître des novices ira faire un stage de formation et une retraite chez les Jésuites à Avignon. L’idéal de la vie religieuse, c’est Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le maître doit conduire les âmes dans une voie spéciale; il doit bien connaître le chemin, l’aimer et y être heureux en enseignant, encore plus par l’exemple que par la parole.
Un cœur de père
Comme maître des novices, le F. Liauthaud avait le caractère si sympathique, le cœur si paternel que, naturellement, on accolait à son nom l’épithète de père. Les religieux comme les novices ne l’appelaient que Père Liauthaud. Le P. Querbes avait même adopté l’appellation commune.
On fonde une maison de noviciat
Une maison de noviciat avait été fondée à Nevers en 1838. Elle fut dirigée d’abord par le P. Faure, puis par le P. Favre. Pierre Liauthaud prit la succession. Il réintégra Vourles avec ses sujets dès 1840. On y vivait dans une grande gêne, car les seules ressources se limitaient aux modiques pensions des novices. On connaissait les privations. Malgré cela, la santé et la bonne humeur régnaient.
On travaillait avec ardeur et on cultivait la piété, le bon esprit et la paix intérieure. De retour à Nevers en 1847, les jours de vacances, les frères du voisinage accouraient pour se délasser et se retremper auprès du Père Liauthaud. Vue la situation, on arrivait avec quelques provisions pour le décarêmer.
Le Père Liauthaud, maître et enseignant
Pour présenter ses cours et ses entretiens, le Père Liauthaud se tenait debout, son volumineux manuscrit sur le pupitre. Il commençait par le Veni Sancte Spiritus. Suivaient la coulpe et la période des questions pour vérifier si on avait retenu les enseignements précédents. Puis il abordait le sujet du jour.
Arrivent les troubles politiques de 1848. Le P. Querbes juge nécessaire de rapatrier à Vourles le maître des novices et son personnel. Pour saisir un peu la qualité du zèle du Père Liauthaud, il convient de consulter les manuscrits qu’il a produits, fruits de ses méditations et de ses veilles. Il s’agit du contenu de ses conférences, véritable condensé des règles de la perfection chrétienne ajustée à la vie du clerc de Saint-Viateur; il s’agit aussi de ses méditations quotidiennes développées selon la méthode de saint Ignace.
À l’écoute des besoins de la congrégation
Pierre Liauthaud étendait sa sollicitude aux divers besoins de la congrégation. Il entretenait une correspondance très suivie avec les frères. Il écrivait ses lettres en soirée et même la nuit. Plusieurs missives se terminaient par ces mots : Minuit vient de sonner, je dois me reposer. Aucune de ses lettres n’est insignifiante; dans toutes, à côté du mot plaisant, du reproche affectueux, des nouvelles du jour, on trouve un conseil, un encouragement, une bonne pensée, un Sursum corda…
Les dernières années du Père Liauthaud
À 60 ans, il y a chez lui baisse d’énergie, au point qu’il se sent devenir vieux. En 1853, le P. Querbes confie la direction du Noviciat au F. Gonnet, lequel sera nommé quelques mois plus tard supérieur de Rodez. Le Père Liauthaud, pour dépanner, reprend ses fonctions.
Plus tard, nouvellement retraité, il entreprend malgré la fatigue le voyage dont il rêvait dans le midi pour visiter les confrères chez eux. Arrivé à La Cavalerie en voiture publique, il est transi de froid et fiévreux. Le médecin constate une pneumonie. Malgré les bons soins et l’affection des confrères, il sent approcher la fin. Sereinement, il reçoit le saint Viatique et fait dévotement son action de grâce. Il a rendu l’âme sans agonie le 26 novembre 1857. Il avait 65 ans. Un ancien dira des deux fondateurs, Querbes et Liauthaud, que le premier était un peu le père de famille et le second, la mère.
Les restes du Père Liauthaud furent transférés au cimetière de Vourles par un arrêté du Chapitre général du mois d’août 1865.