Apprendre en jouant
Durant 7 mois, des enfants de 4ème année du primaire du collège Virgen de Guadalupe, ceux que j’appelle « mes garçons et mes filles », sont venus à la Ludothèque Pukllana pour apprendre tout en jouant.
Chaque jour les enfants recevaient une affectueuse et joyeuse bienvenue avec leurs sourires permanents et leurs fortes étreintes. Les 3 premières semaines servirent comme prise de contact avec eux et elles, ainsi qu’avec leurs familles.
Avant de commencer le programme de la ludothèque Pukllana, nous avions élaboré un plan opératif qui consistait en la création, l’animation et l’accompagnement de tous les participants et participantes.
Cependant, devant la réalité, il fallait réinventer l’offre d’accompagnement en relation avec la réalité de chaque enfant.
Dans le processus du travail académique, les enfants disaient : « Ma professeure du collège m’a dit qu’il faut réaliser la tâche de la manière qu’elle nous a enseignée et non pas comme tu le fais ».
Rompre cette idée fut difficile; leur changer leur « programmation » et faire comprendre qu’il y a d’autres manières de travailler et d’autres instruments pour solutionner les problèmes fut un processus quotidien.
Même s’ils ont découvert d’autres manières de travailler, c’est quelque chose qu’ils doivent encore pratiquer. Le jour suivant ils venaient tout contents de nous raconter que tout s’était très bien passé à l’école.
L’autre accompagnatrice, Soledad, et moi-même nous avions comme objectif d’apprendre avec nos enfants et avec eux de construire un nouveau monde de relations basé sur la créativité et la joie d’apprendre, ainsi nous avons pu générer un espace de sociabilité et de communication.
En août, ce fut l’arrivée des coopérants basques d’Espagne : Lexuri, Dani, Julen, Arantza et Esther. Ces deux dernières nous aidèrent à la ludothèque à créer diverses dynamiques pour que chaque garçon et chaque fille démontre qu’il a des habilités pour socialiser et se communiquer. Cela a pu se réaliser grâce aux conversations, aux visites à leurs foyers, aux dynamiques et aux jeux où chacun se sentait libre de s’exprimer.
Un travail de valorisation, avec le slogan « Oui! Toi tu as de la valeur! ». Cette activité avait comme objectif que chaque enfant puisse démontrer devant sa famille ses habilités (faire des pirouettes, jouer avec une toupie, au football, chanter ou jouer avec un cerceau). Ces jeux servaient d’apprentissage.
Pour les familles et leurs propres enfants il était difficile comprendre le concept de jouer pour apprendre. Apprendre? nous disaient-ils. Oui, à la ludothèque nous apprenons en jouant tout en découvrant notre potentiel, reconnaissant nos limites avec la certitude que nous pouvons changer, que nous pouvons créer et recréer.
Nous devons apprendre à vivre avec la conviction que nous existons dans la mesure où nous savons entrer en relation avec les autres.
Les différentes dynamiques qui se réalisaient à la ludothèque étaient une invitation à vivre l’activité ludique dans tous les langages possible : le verbal, le non verbal et le langage artistique.
Je ne peux terminer mon petit article sur mon expérience sans parler de mes enfants (Erik, José, Lizeth, Daniel, Edina, Daniela, Piero, Rahit, Jean Franco, Ismael, Carla, Lindrs, Maite, Alexander et Carolay). Eux tous sont des enfants très joyeux, éveillés, curieux et surtout très affectueux.
La dernière semaine de la ludothèque ils remplirent mon sac-à-dos de lettres dans lesquelles ils me disaient comme ils se sont sentis bien tout ce temps. Alors je leur ai écrit mon adresse et mon numéro de téléphone pour qu’ils ne me perdent pas de vue, comme ils disaient eux-mêmes.
Rocío Boza Turriate
Communicatrice et accompagnatrice de la ludothèque
Source :
Revue du Centre Saint-Viateur – Collique (Pérou) – Décembre 2015 (PDF).