La patience : fruit de l’Esprit pendant l’Avent
Le troisième fruit de l’Esprit indiqué par la lettre aux Galates est la paix. Certaines communautés locales ont même déjà prévu leur animation sur ce thème.
Toutefois une remarque des membres du comité Liturgie et Rassemblements m’a paru judicieuse : pourquoi ne pas inverser Patience et Paix en présentant la patience pendant le temps de l’Avent et la paix en janvier?
J’ai acquiescé à l’idée et me voilà pour vous parler de patience. Saint Paul ne se fâchera pas si l’ordre d’énumération des fruits de l’Esprit a été changé…
La patience
Êtes-vous patient-e-s? Certains d’entre vous répondront oui et d’autres, non. La patience est la vertu des nerfs, je dirais. La sagesse haïtienne suggère que la patience nous fera voir les entrailles d’une fourmi. Et pour traduire cette patience, on vous dira en créole que la justice de Dieu est comme un char tiré par des bœufs. C’est lent et imprévisible.
La patience de Dieu
L’expression « lent à la colère » pour qualifier Dieu revient souvent dans l’Ancien testament. C’est souvent pour manifester la non précipitation de Dieu à punir les humains conformément à leurs péchés. Dieu a beau détester le péché mais il aime inconditionnellement le pécheur ou la pécheresse.
Dieu est patient
Il préfère attendre que les humains se détournent de leur mal et se convertissent plutôt que de subir l’horreur de la punition pour les fautes qu’ils commettent. Voilà pourquoi le terme « plein d’amour et de vérité » accompagne souvent l’expression « lent à la colère ».
Les humains et la patience
L’appel et l’obligation à la patience qui nous incombent participent de l’amour même de Dieu qui nous en donne l’exemple. « Si tu retiens nos fautes, Seigneur, qui donc subsistera? » Ps 130.
Les évangiles nous redisent la même chose : la patience de Dieu est infinie (Mt 18,21-35; Lc 13,1-9).
Un très beau texte sur la patience est celui de saint Jacques (Jc 5,7-20) qui nous invite à la patience « jusqu’à l’avènement de notre Seigneur ».
Le défi de la patience se pose à chacun et à chacune de nous. Notre monde va tellement rapidement « qu’on n’a pas de temps à perdre », car « time is money (le temps c’est de l’argent) ». Le « TOUT tout de suite » envahit tous les interstices de notre être. On se bouscule. On s’impatiente.
Des Viateurs patients
Nous avons hâte de voir advenir bien des choses dans notre communauté. Certains souhaitent qu’on accélère les pas et s’impatientent que nos progrès ne soient pas suffisamment significatifs.
D’autres désireraient qu’on ralentisse la cadence et s’impatientent que nous tardions à remettre en cause certaines de nos pratiques communautaires.
N’est-ce pas Lafontaine qui conclut sa fable : « Le lion et le rat » en s’écriant : « Patience et longueur de journée font plus que force ni que rage. »?
La patience qu’il faut à notre communauté est celle qui appelle à la circonspection et à l’attention aux signes du temps; celle qui nous demande d’oser pourvu que ce soit dans le but de faire naître une nouvelle énergie et un nouveau souffle sous la conduite de l’Esprit.
La patience est une vertu et un fruit de l’Esprit que nous devons appeler sur notre communauté pour apprendre à marcher sans trop nous inquiéter mais aussi sans brûler nos ailes.
La patience en ce temps de l’Avent
Le thème de la patience corrèle bien avec le temps de l’Avent qui évoque une promesse, un cadeau à nul autre pareil : Dieu se donne à nous.
Puissions-nous être heureux-ses de ce que nous avons et confiants de ce que nous attendons avec la certitude que notre Dieu tient parole.
Source :
Bulletin d’information no 190 (PDF).