Visite pastorale au Pérou

Les départs manqués pour des visites pastorales commencent à devenir monnaie courante pour des membres du conseil provincial. Quoi de plus agréable que de se payer un aller-retour à Toronto, le temps de prendre un bon café au Tim Horton à l’aéroport Pearson.

C’est ce qui nous est arrivé ce lundi 16 avril 2018 alors que nous devions nous rendre au Pérou en passant par Toronto. Le verglas s’étant mis de la partie, des vols ont été retardés et nous voilà arrivés aux portes d’Air Canada après une folle course pour nous faire dire sèchement par une madame que le vol pour Lima a déjà quitté.

Point besoin de vous décrire l’humeur d’un Québécois nationaliste exigeant d’être servi en français par le transporteur national. La mésaventure s’est conclue par un retour à Montréal le soir même et une reprogrammation pour le lendemain 17 avril, un vol direct Montréal-Lima.

Nous vous faisons grâce des autres déboires que nous avons connus, une fois au Pérou, notamment dans une tentative de nous rendre à Cutervo. Bref, le voyage n’a pas été de tout repos.

Nous avons cependant été heureux de retrouver une communauté qui demeure vivante malgré les défis auxquels elle est exposée.

Viateurs au PérouS’il n’a pas eu lieu, comme prévu, ce voyage à Cutervo qui nous aurait permis d’assister en direct au départ d’une éminente personnalité, en l’occurrence, le père Claude Chouinard après 53 ans en sol péruvien, nous avons pu vivre une belle rencontre communautaire de deux jours avec les cinq religieux jusque-là encore présents dans la Fondation.

Les deux jours d’ « assemblée » ont permis de jeter un regard sur la situation actuelle de la mission, d’évaluer les forces et les fragilités de même que des perspectives à court terme.

Il reste deux communautés locales :

  • Cutervo : avec nos frères David Cuenca qui a pris la relève de Claude Chouinard en qualité de directeur général du collège « Fe y alegria, no 69 et Barthélemy Kouassi, nouvellement en poste à l’école comme professeur de religion;
  • Collique : avec nos frères Benoit Tremblay et Cosme Salazar (Metxu) qui est directeur de l’école Fe y Alegria, no 11. À ces derniers se joignent les huit (8) associés qui font route, depuis trois ans avec la communauté.

Notre séjour nous a amenés à visiter l’ensemble des oeuvres impliquant la communauté dans la région de Collique (Nord de Lima).

Il s’agit du CESAVI (Centro de Educomunicaci ón San Viator) où un service d’aide au devoir (la ludoteca) est offert à des enfants du primaire en difficulté d’apprentissage et où s’organisent différentes autres activités avec des groupes de femmes, avec le SPV.

Un service de tutorat est également mis en place auprès d’un établissement scolaire très démuni depuis le début de l’année scolaire en mars dernier par des opératrices du Centre. À la troisième zone de Collique continue de fonctionner le centre de stimulation « Viatorcitos » (petits Viateurs) avec un effectif approchant quarante enfants de trois ans et moins.

Finalement, le collège Fe y Alegria no 11 qui est pris en charge par la congrégation depuis près d’une dizaine d’années, se trouve sous la direction du F. Cosme Salazar (Metxu) depuis trois ans.

Nous avons été impressionnés par le témoignage des amis (surtout amies!) venus saluer notre confrère Claude Chouinard en ce dimanche soir du 4e dimanche de Pâques où le texte de l’Évangile parlait du bon pasteur.

Une célébration de la Parole nous a fait découvrir la profondeur et la qualité de la pensée de ces catéchistes et agents de pastorale formés, pour la plupart, par les soins des Viateurs qui ont été missionnaires dans cette grande Collique.

L’existence même de la grande agglomération de Collique, disent-ils, est intimement rattachée aux Clercs de Saint-Viateur.

Il y a cinquante ans, ces missionnaires viatoriens ont été à la base de la grande Paroisse Christ, Fils de Dieu qui couvre l’ensemble des huit zones de Collique. Claude a servi pendant vingt-deux ans comme Pasteur de cette grande communauté.

« Il nous a aidés à développer le sens des responsabilités et la confiance en nous-mêmes. Nous sommes devenus des chrétiens adultes dans la foi…
Comme femmes, nous avons appris à croire en nos propres moyens et à développer une meilleure image de nous-mêmes…
Les Viateurs ont cheminé avec la population, luttant à côté de toutes ses organisations, construisant Collique en chacune de ses étapes : électricité, eau, asphalte, cantines populaires (instituées par Claude), petites entreprises, caisse populaire de prêts et crédits…
La paroisse représentait le seul lieu de vie de la communauté chrétienne… »

Autant d’affirmations qui nous ont laissés avec le sentiment que notre communauté avait semé et sème encore quelque chose de profond et durable.

La rencontre du supérieur provincial avec le groupe des associés a été une belle occasion pour faire le point sur la marche du groupe.

Nous leur avons rappelé les trois piliers fondamentaux sur lequels doit reposer toute communauté viatorienne : la vie spirituelle, la vie communautaire et la vie missionnaire.

« Chaque Viateur doit chercher à mieux connaître sa famille, son fondateur, son charisme. Dans les familles, il y a des gènes qui font que des frères et des soeurs se ressemblent. Quels sont ces gènes de notre famille viatorienne qui nous rapprochent les uns des autres au Pérou? Il est important que des Viateurs puissent se reconnaître peu importe l’endroit où ils se trouvent. Chacun doit s’intéresser à l’autre, à ce qu’il est, à ce qu’il vit et à ce que nous sommes ensemble »

Tel a été le coeur du message adressé à la communauté viatorienne de Collique.

Le séjour s’est conclu dans la fatigue, mais avec la consolation que des Viateurs, religieux ou associés, portent encore le désir et la flamme de servir et de faire connaître notre communauté malgré l’orage et l’inquiétude du lendemain.

Les visiteurs,
Nestor Fils-Aimé, CSV et Yvon Rolland, CSV

Source :
Bulletin d’information – Mai 2018 – No 211 (PDF).

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